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Page:Joseph Anglade - Grammaire élémentaire de l'ancien français.djvu/230

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L’empereur a pris son quartier ; les Français descendent sur la terre déserte : à leurs chevaux ils ont enlevé les selles.
Od vos caables avez froisét ses murs,
Ses citéz arses et ses hommes vencuz. (Rol., 237.)
Avec vos machines vous avez brisé ses murs, brûlé ses cités et vaincu ses hommes.

Telle est la règle à la fin du xie siècle. Dans la période suivante l’accord continue à se faire en général quand le régime précède le participe : cette tradition s’est maintenue jusqu’à la langue moderne.

Dans les autres cas la langue a une tendance à considérer le participe comme une forme neutre faisant corps avec l’auxiliaire et ne prenant pas l’accord. Ce n’est qu’au xviie siècle que la syntaxe a été fixée sur ce point.


La même liberté de construction se retrouve dans les phrases où le participe précédé d’un régime direct précède lui-même un infinitif : je les ai fait voir ; l’ancienne langue pouvait dire : je les ai faits voir, je l’ai fait ou je l’ai faite voir ; je les ai fait ou je les ai faites voir ; je les ai fait ou faites venir ; je les ai faits venir.

Participe passé avec le verbe être.

On trouve le participe passé construit avec le verbe être dans les verbes passifs, et aux temps composés des verbes pronominaux et intransitifs. L’accord, dans tous les cas, se fait avec le sujet (et non avec le régime, comme cela a lieu dans la langue actuelle avec certains verbes pronominaux).

Ex. :

Mais chier me sui venduz. (Rol., 2053.)
Mais je me suis vendu cher.
Amont parmi ces heaumes se sont entreferu. (Fierabras, 1440.)
En haut sur les heaumes ils se sont « entrefrappés ».