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L’ancien français pouvait introduire un subjonctif optatif dans une proposition subordonnée relative, ce qui est contraire à l’usage moderne.

Ex. :

Paien, cui Dieus maldie !
Païens, que Dieu puisse maudire !
Godefrois, cui ame soit sauvée. (Roman de Bauduin de Sebourc, XXV, 64.)
Godefroy, dont l’âme puisse être sauvée !
Double pronom relatif.

Dans la phrase suivante : deux brebis siennes que il dit que je li ay mangies (Ménestrel de Reims, 405.), le premier que sert de régime à mangies, tandis que le second est une conjonction. On sait que cette tournure complexe, mais logique et commode, s’est maintenue jusque dans la langue moderne.

La phrase peut d’ailleurs, par suite d’une confusion entre le pronom relatif et la conjonction, se présenter sous une autre forme.

Ex. :

Ne dirai chose que je cuit qui vous griet. (Chrestien de Troyes, Cligès, 5523.)
Je ne dirai rien que je croie qui puisse vous attrister[1].

Le pronom relatif régime suivi de il (qu’il) est souvent remplacé par qui ; la confusion a été facilitée par le fait que l finale s’étant amuïe de bonne heure, qu’il s’est réduit, dans la prononciation, à qu’i, qui.

Ex. :

... Il faisoit
Totes les choses qui savoit
Qu’a la dame deüssent plaire. (Fabliaux, Méon, I, 174, 9.)
  1. Voir de nombreux exemples dans Tobler, Vermischte Beitraege, I (1ere éd.), p. 104, sq.