E fermé
E fermé provient de ē et de ĭ du latin classique (quelquefois, mais rarement de la diphtongue œ).
E fermé tonique libre se diphtongue à l’origine en ei (en passant probablement par éé); ei devient au xiiie siècle oi (prononcé óï, en une seule émission de voix) ; oi devient ensuite (xive–xve siècles) oé et oué (xvie–xviie–xviiie siècles) et passe enfin dans les temps modernes à oua.
Ex. : fẹ́dem > fei (xe–xiie siècle), foi (l’orthographe n’a pas varié depuis le xiie siècle, mais la prononciation a changé : foé, foué (encore au xviiie siècle), foua, prononciation actuelle).
Cf. encore tẹ́lam > teile, fr. mod. toile ; fẹnum > fein, foin ; avẹna > aveine, avoine ; habẹre > aveir, avoir ; sapẹre (pour sápĕre) > saveir, savoir, et autres infinitifs en -oir.
Mẹ, tẹ, sẹ > mei, tei, sei ; moi, toi, soi.
E fermé tonique suivi de n s’est arrêté ordinairement au stade ei : pœnam > peine ; sẹnum (lat. cl. sĭnum) > sein ; plẹnum > plein ; vẹnam > veine ; cf. cependant plus haut foin, avoine, qui ont un traitement différent de sein, veine et qui sont peut-être des formes dialectales. Cf. encore mẹnus (lat. cl. mĭnus) > moins.
E fermé tonique précédé de c donne i et non ei, oi.
Ex. :
- cẹram > cire ;
- mercẹdem > merci ;
- placẹre > plaisir ;
- licẹre > loisir.
L’a. fr. connaissait aussi tacẹre > taisir ; cf. placẹre > plaisir.