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On admet que ce changement de e en i s’est produit, sous l’influence de c, par l’intermédiaire d’une triphtongue iei, dans laquelle l’élément du milieu a disparu (le français n’ayant pas conservé de triphtongues) et les deux i se sont fondus en un seul.


Dans certains cas tonique était déjà passé à i en latin vulgaire : ceci se produisait lorsque, dans un mot accentué sur l’avant-dernière syllabe, la syllabe finale se terminait par un ī long : sous l’influence de cet i long final tonique se transformait en ī.

Ex. : *quaesi pour quaesivi du latin classique est devenu en latin vulgaire *quīsī, d’où le fr. quis (de quérir : cf. je requis, j’acquis, je conquis).

De même *prẹsī (au lieu de prendidi du lat. cl.) est devenu prīsī, d’où le fr. pris. Cf. infra les conjugaisons.

Cf. encore en syllabe fermée ĭllī — ou ẹllī en latin vulgaire — devenu īllī sous l’influence de ī long final et aboutissant au fr. il et non el : de là les formes nennil < non illī et oïl < hoc illī.


E fermé entravé ne change pas, conformément à la loi générale : mais il a pris le son ouvert (è).


Ex. :

  • mĭtteremẹ́ttere > mettre ;
  • vĭridem, vẹ́r’dem > vert ;
  • *solĭculum, lat. vulg. solẹ́c’lum > soleil ;
  • *parĭculum, parẹ́c’lum > pareil ;
  • vermĭculum, vermẹ́c’lum > vermeil.
E ouvert

E ouvert tonique (provenant de ĕ, ae du latin classique) se diphtongue en .

Ex. : hęri > hier ; pędem > pied; bręvem > a. fr. brief ; fębrem > fièvre ; lęporem > fièvre ; fęrit > il fiert (il frappe,