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Adverbes

L’étude des adverbes présente peu d’intérêt au point de vue syntaxique. On peut étudier en effet leur origine et leur étymologie, comme nous l’avons fait dans la Morphologie, les variations de sens (ce qui est du domaine du lexique et de l’histoire des mots) ou enfin leur place dans la proposition. À ce dernier point de vue on peut les étudier dans la partie de la syntaxe qui traite de l’ordre des mots ; mais là encore leur étude n’offre ni intérêt ni difficultés : aussi nous nous bornerons ici à quelques observations syntaxiques, renvoyant pour le reste à la Morphologie.

Mar, buer.

Parmi les adverbes dont l’emploi est spécial à l’ancienne langue il faut citer mar ou mare et buer, d’un emploi très fréquent, surtout le premier. Mar (du latin mala hora) signifie : pour le malheur, malheureusement ; buer (de bona hora) signifie le contraire.

Ex. :

Tant mare fustes, ber ! (Rol., 350.)
C’est pour votre malheur que vous y fûtes, baron.
Ja mar crerez Marsilie. (Rol., 196.)
Vous aurez bien tort de croire Marsilie.
Carles li Magnes mar vos laissat as porz. (Rol., 1949.)
C’est pour votre malheur que Charlemagne vous laissa aux ports (passages des Pyrénées).

Exemples de buer.

Ta lasse medre si la reconfortasses
Qui sist[1] dolente ! Chiers filz, buer i alasses ! (Alexis, 450.)
  1. Pour si est.