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En s’employait ordinairement devant un nom de ville ; en Londres, en Rome la citét, en Saragoce, etc. Cet emploi a persisté jusqu’au xviie siècle : en Jérusalem, en Damas, en Florence, surtout devant des noms de ville commençant par une voyelle : en Alger, en Avignon[1].

Pour l’emploi de en devant un infinitif et un gérondif, cf. supra.

De en il faut rapprocher la double préposition enz en < intus in, qui disparaît d’ailleurs dès le xiiexiiie siècle.

On sait que en le a donné el, plus tard ou, et que en les est devenu ès. Cette dernière forme a survécu jusqu’au xvie siècle ; es était encore vivant au xviie[2].

Ex. :

Il tombe ès mains d’un autre ennemi. (Malherbe, II, 11.)
Votre trône, ô grand Dieu, est établi ès siècles des siècles. (Bossuet, Serm. pour la Circoncision[3].)

Par

Par signifie primitivement à travers, qu’il s’agisse du temps ou de l’espace. Voici quelques exemples du premier emploi dans l’ancienne langue.

Ex. :

Par deus anz l’a il ja eü. (Chr. de Troyes, Erec, 595.)
Il l’a eu pendant deux ans.
  1. Haase, Synt. fr., § 126, 2e, C.
  2. Il s’est figé aujourd’hui dans quelques expressions comme bachelier ès lettres, docteur ès sciences, etc. Ès étant un pluriel, les personnes qui, par manie d’archaïsme, l’emploient devant un nom au singulier commettent une erreur : des formes comme docteur ès droit, ès médecine n’ont jamais existé ; docteur ès droits (droit civil, droit canon) au contraire est correct.
  3. Haase, Synt. fr., § 126, 2e, A. On trouve aussi, au xviie siècle, èsquelles = en, dans lesquelles.