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Dans matin t provient d’un double tt (mat’tinus pour matutinus) ; mâtin vient de mastin ; dans des mots comme pâture, pâte, etc., le maintien du t s’explique par une ancienne forme pasture, paste.


Groupes Tr, Tl.

Tr : le t disparaît après être passé par đ : ordinairement r se redouble.


Ex. :

  • patrem > peđre, père ;
  • matrem > međre, mère ;
  • petram > pièđre > pierre ;
  • latronem > lađron > larron ;
  • nutrire > nođrir > nourrir ;
  • *petronem > peđron > perron ;
  • *materiamen, matriamen > merrain[1].


Des mots comme patrie, patrimoine, patron, sont des mots savants ; patrouiller est mis pour patouiller.


Tl[2] : t peut s’affaiblir en d puis s’assimiler à l suivant qui s’est quelquefois vocalisé.


Ex. : Rotlandum (pour Rotolandum) > Rodlant, Rollant ; spatulam > espadle, espalle, épaule.


Ordinairement ce groupe passe à tr.


Ex. :

  • epistolam, epis’tlam > epistle, épistre ;
  • apostolum > apostle, apostre ;
  • capitulum > chapitre ;
  • titulum > titre.


*Vetulum, devenu *veclum, a donné vieil.

  1. Le groupe tri donne ir dans repairier (auj. repérer) de repatriare ; peut-être merrain vient-il de *materamen et non de materiamen.
  2. Ce groupe ne se trouve pas dans le latin classique ; mais il existe en latin vulgaire, surtout dans les proparoxytons, par suite de la chute des voyelles pénultièmes : apostolum, apost’lum.