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Le traitement de f intervocalique est obscur. En général elle disparaît.


Ex. :

  • *bifacem > biais ;
  • deforis > dehors ;
  • *refusare > reüser, ruser ;
  • *scrofellas[1] > écrouelles.


F finale s’amuït quand elle est suivie de s.

On disait autrefois : uns sers, uns cers et au cas régime un serf, un cerf.

Des traces de cet amuïssement sont restées dans œuf et bœuf, que l’on écrit au pluriel œufs et bœufs, mais que l’on prononce eu et beu.


Le v devenu final en français s’est durci en f.

Ex. : vivum > vif ; captivum > chaitif, chétif ; navem > nef ; clavem > clef.


Les groupes de consonnes formés avec v sont peu importants. Citons cependant le groupe lvr dans des mots comme absolvere, absolv’re > absoudre ; pulverem > pulv’rem > poudre, où le v a disparu et où un d s’est intercalé. Dans les autres groupes comme v’g, v’t, v’n, v disparaît : navigare, nav’gare > nager; civitatem, civ’tatem > cité ; juvenem, juv’nem > jeune (au début juefne).

Cf. de même pour f (ph) + n : *Estephanum > Etienne ; antephonam > antienne. Cependant f s’est maintenue en dissimilant n en r dans : *cofinum > coffre.

S

S était dure (sourde) en latin. Elle l’est restée, en français, à l’initiale: soir, sel, sœur, salut et, à l’intérieur d’un mot, quand elle commence une syllabe : ver|ser, our|se, etc.

  1. Peut-être plutôt *scrobellas.