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Ainsi se déclinent : forz (< fortis), verz (< viridis), mortels, tels, quels ; leials, reials ; et surtout les participes présents : amanz, chantanz, portanz, vaillanz, etc.

On disait donc : uns granz chevalz, mais une grant femme, grant route ; uns chevalz bien portanz, mais une femme plorant, et, au pluriel, des femmes ploranz, vaillanz (cas sujet et cas régime), etc.

Ce qui frappe le plus dans cette deuxième classe d’adjectifs c’est la forme féminine sans e : grant : on disait grant femme, femme fort, tel femme, tel terre, terre royal, terre fort, etc.

Mais de très bonne heure les formes féminines prirent e : on trouve déjà grande dans la Vie de Saint Alexis (ann. 1040) ; forte existe au xiie siècle ; verte se trouve dans la Chanson de Roland. En général cependant les formes féminines sans e se sont maintenues pendant la période du moyen français (xivexve s.). Au xvie siècle il ne restait de cet ancien usage[1] que quelques traces qui se sont maintenues jusqu’à nos jours.

Ainsi : grand mère, grand route, grand messe, grand garde ; noms propres : Rochefort, Grandmaison ; au xviiie s., lettres royaux ; fonts baptismaux. Enfin les adverbes en ment se rattachent à des formes anciennes : constamment renvoie à constant ment, prudemment à prudent ment ; des formes comme fortement étaient au moyen âge forment (< fort ment). Cf. plus loin la formation des adverbes.

  1. Ainsi que des formes féminines en -ans des participes présents au pluriel.