Page:Joseph Bonjean - Monographie de la pomme de terre, 1846.djvu/128

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population n'a des provisions que pour un an. Le paysan n'y compte qu'année par année. Il met en terre uniquement ce qu'il lui faut, en calculant juste, pour vivre une année. Si cela lui manque, il faut qu'il souffre de la faim pendant un mois ou deux. Il peut être secouru par ses voisins ; mais, si tous sont dans le même cas, d'où leur viendra le secours ? Une famine en Irlande est une des plus terribles calamités qui puissent être imaginées comme de nature à interrompre le cours de la prospérité de l'Angleterre et les bienfaits plus substantiels de trente ans de paix. Les circonstances actuelles menacent d'une aggravation du mal au-delà même des horreurs habituelles ... Il serait prématuré de suggérer un remède immédiat au désastre ; mais, quoi qu'on fasse, au nom du Ciel, que ce soit fait pour le mieux. »

55. La Suisse n'a pas tardée à être elle-même le lieu de désastre de cette terrible maladie, qui s'y est montrée sur presque tous les points de son territoire. Jusqu'au i2 septembre, les communes d'Orsièrcs et de Troistorrens, dans le Bas-Valais, avaient seules été atteintes ; à cette époque, on s'empressait de faire la récolte des tubercules. Un habitant de Troistorrens écrivait à ce sujet les détails suivants, en date du 19 septembre, à la Gazette du Symplon (4 octobre) : «Vous avez parlé dans votre dernier numéro de la maladie des pommes de terre comme régnant dans plusieurs contrées de l'Europe et de la Suisse même ;