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Page:Joseph Boussinesq - Théorie de l'écoulement tourbillonnant et tumultueux des liquides dans les lits rectilignes à grande section, 1897.djvu/69

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l’isotropie entraînera la symétrie, si les réductions en résultant dans les formules rendent celles-ci inaltérables par le simple retournement d’un des axes. Or c’est ce qui arrive le plus souvent. Il n’y a guère, en Mécanique et en Physique, que le phénomène de la polarisation rotatoire des dissolutions, où apparaisse la différence de l’isotropie dissymétrique d’avec l’isotropie symétrique.

» Dans la suite de ces Leçons, relatives soit aux fluides, soit, plus loin, aux solides élastiques, nos raisonnements, quand il sera question d’isotropie, ne supposeront que l’isotropie dissymétrique ou simple ; mais les formules auxquelles nous arriverons se trouveront, d’elles-mêmes, vérifier les conditions de l’isotropie symétrique.

» Un corps formé de particules toutes isotropes sera dit isotrope lui-même. Il pourra néanmoins être hétérogène, à cause de variations continues soit de nature, soit de densité, soit même seulement de structure interne, qu’on y observera au passage d’une particule à ses voisines.


» 2. Des fluides ; leur propriété caractéristique, consistant dans la reconstitution incessante de leur isotropie. — Cela posé, les fluides sont, par définition (pour le géomètre), des corps isotropes ayant, comme propriété caractéristique, de recouvrer spontanément leur isotropie après toutes les déformations possibles, et même de la garder à fort peu près durant ces déformations, pourvu qu’elles s’effectuent avec une lenteur suffisante. Il se produit, dans leurs moindres particules, pendant les mouvements moyens locaux ou observables que nous y constatons, d’imperceptibles mais incessantes modifications des groupements moléculaires, tendant à y égaliser les intervalles dans les diverses directions et, par suite, à y maintenir une constitution pareille en tous sens. Quand, par exemple, un de leurs éléments de volume s’allonge dans certains sens et se contracte dans d’autres, une légère évolution de la plupart de ses molécules, autour de leurs voisines, les aligne en plus grand nombre suivant les premières directions et les écarte des secondes ; en sorte que l’observateur idéal dont il a été parlé ci-dessus, placé vers le milieu de l’élément de volume et capable d’apprécier leur disposition, pût la juger pareille tout autour de lui (au moins dans l’ensemble ou en moyenne), de quelque manière qu’il s’orientât.

» Cet effet de régularisation a lieu très vite dans les fluides sans viscosité appréciable, ou proprement dits, comme les gaz, l’eau, l’alcool, etc. ; et l’on peut alors presque toujours, à une assez grande approximation, y sup-