Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 10.djvu/281

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ayant chacune une constante arbitraire. (Voyez les Mémoires de cette Académie pour l’année 1783.)

Mais les conséquences qu’il a voulu en tirer dans la suite (Mémoire de 1788), relativement aux intégrales des équations différentielles, sont tout à fait illusoires ; elles prouvent seulement qu’on ne peut pas appliquer immédiatement à l’infiniment petit proprement dit les résultats trouvés dans la supposition du fini, et que, dans le passage du fini à l’infiniment petit, il faut supprimer entièrement tous les termes qui peuvent contenir l’infiniment petit, quoique ces termes puissent n’être pas eux-mêmes infiniment petits.

Ainsi, dans la formule

le terme ne devient pas infiniment petit par la supposition de infiniment petit ; néanmoins, ce terme contenant la différence qui devient infiniment petite dans l’équation différentielle, doit être supprimé pour avoir un résultat exact. En effet, en effaçant tout ce qui contient dans l’équation précédente, on a simplement

comme cela doit être pour satisfaire à l’équation dérivée.

La raison en est que, dans le passage supposé du fini à l’infiniment petit, les fonctions changent réellement de nature, et que le qu’on emploie dans le Calcul différentiel, est essentiellement une fonction différente de la fonction tandis que tant que la différence a une valeur quelconque, aussi petite qu’on voudra, cette quantité n’est que la différence de deux fonctions de la même forme ; d’où l’on voit que, si le passage du fini à l’infiniment petit peut être admis comme moyen mécanique de calcul, il ne peut servir à faire connaître la nature des équations différentielles, qui consiste en ce qu’elles donnent des rapports entre les fonctions primitives et leurs dérivées.