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nouvelles de vos travaux, et surtout de votre santé, qui m’intéresse plus que je ne puis vous dire. Je vous embrasse de tout mon cœur.

À Monsieur de la Grange,
directeur de la Classe mathématique de l’Académie royale
des Sciences et Belles-Lettres de Prusse, à Berlin
.

51.

LAGRANGE À D’ALEMBERT.

À Berlin, ce 20 novembre 1767.

Mon cher et illustre ami, j’ai reçu vos Lettres et vos compliments ; je vous en remercie de tout mon cœur. Je ne sais si j’ai bien ou mal calculé, ou plutôt je crois n’avoir point calculé du tout, car j’aurais peut-être fait comme Leibnitz, qui, à force de réfléchir, ne put jamais se déterminer. Quoi qu’il en soit, je vous avouerai que je n’ai jamais eu du goût pour le mariage et que je ne m’y serais jamais engagé si les circonstances ne m’y avaient en quelque façon obligé. Étant dans un pays étranger, sans amis et sans liaisons, avec une santé assez délicate, j’ai cru devoir engager une de mes parentes, que je connaissais depuis longtemps et avec qui j’avais déjà vécu quelques années dans la maison de mon père, à venir partager mon sort et avoir soin tant de moi que de tout ce qui me regarde. Voilà l’histoire exacte de mon mariage[1]. Si je ne vous en ai point fait part, c’est qu’il m’a paru que la chose était si indifférente d’elle-même, qu’elle ne valait point la peine de vous en entretenir.

Je suis charmé que l’Académie ait dessein de remettre le prix de la Lune à l’année 1770. Je ne vous dissimulerai point le regret que j’ai de n’avoir pu concourir. Les embarras de mon établissement dans ce pays et les Mémoires que j’ai dû composer pour l’Académie, et qui sont au nombre de neuf ou dix, en ont été la cause. Ce n’est pas que j’ai

  1. Voir plus haut, p. 100, note 1.