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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

vous exhorte à y penser. J’ai grande envie de lire dans le nouveau Volume de l’Académie vos recherches sur les tautochrones et tout ce qui sera de vous. Pour moi, ne pouvant plus m’occuper d’un long travail, je m’amuse à faire imprimer deux Volumes d’Opuscules, dont le premier est presque fini, et qui contiendront, avec quelques nouveaux Mémoires, tous les rogatons géométriques dont je vous ai fait part et que j’imprime pour m’en débarrasser, comme ces femmes qui épousent leurs amants pour s’en défaire.

Je suis charmé de ce que vous me marquez qu’Euler n’a pas perdu la vue comme on me l’avait dit. Nous avons eu ici un froid horrible, le plus fort du siècle depuis 1709, et ce qui vous étonnera, c’est que pendant ce grand froid je me suis porté à merveille. Depuis le dégel cela ne va pas aussi bien ; le sommeil est moins bon et la tête plus faible. Il faut se soumettre à sa destinée.

Il est, entre nous, assez ridicule que, sur la simple recommandation de M. Daniel Bernoulli, on ait mis de l’Académie ce M. d’Avila, que personne ne connaît que parce qu’il a un beau cabinet. C’est comme si l’on mettait quelqu’un de nos fermiers généraux dans la classe de Chimie parce qu’il a un bon cuisinier. J’ai écrit au roi sur l’abbé Bossut, qui du moins vaut mieux que ce d’Avila, et, d’après sa réponse, j’irai en avant ou me tiendrai tranquille.

J’ignore absolument pourquoi M. Pernetti n’est point de l’Académie ; je le connais très-peu, et ce n’est pas moi qui l’ai indiqué au roi pour être son bibliothécaire. Adieu, mon cher et illustre ami ; donnez-moi des nouvelles de votre santé et de vos travaux. Voilà un programme qui n’est guère de votre gibier, mais qui pourrait être de celui de M. de Castillon ou de quelque autre.

Vous devez avoir reçu un Mémoire de moi sur les verres optiques, qui vient de paraître dans les Mémoires de l’Académie de Paris[1]. Je

  1. Nouvelles recherclaes sur les verres optiques, pour servir de suite à la théorie qui en a été donnée dans le Volume III des Opuscules mathématiques. Ce Mémoire est inséré (p. 75-145) dans le Volume de l’année 1764 de l’Académie des Sciences, Volume qui ne parut qu’en 1767.