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61.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, le 19 décembre 1768.

Je me sers d’un secrétaire, mon cher et illustre ami, parce que mes yeux fatiguent beaucoup aux lumières. Il y a plus d’un mois que j’ai répondu à la Lettre que M. Mettra m’a remise au bout de six semaines de date ; cette réponse est assez longue et jointe à un paquet de Livres que je vous envoie. M. le comte de Redern, qui, depuis un mois, est toujours au moment de partir, s’est chargé du tout, et j’espère qu’il vous le remettra incessamment. Ce paquet contient mon nouveau Volume et celui de M. de Condorcet ; quand j’écrirai à ce dernier, je m’acquitterai de vos commissions pour lui.

M. Euler a écrit à notre Académie la même Lettre que vous m’envoyez. J’ai grande impatience de voir les Ouvrages qu’il annonce, et surtout sa théorie de la Lune ; mais, malgré toute mon estime pour lui, je vous avoue que je doute un peu de toute l’étendue de ce qu’il promet, et je vous exhorte fort à ne point abandonner vos travaux sur cette matière, dont, à vous dire le vrai, j’ai aussi bonne opinion que des siens.

J’ai bien de la peine à croire qu’il reste une aberration sensible dans mes objectifs, dont j’ai fait le calcul avec beaucoup de soin ; cependant je serai fort aise de voir les remarques de M. Beguelin sur ce sujet quand elles paraîtront. Quant à présent, j’ai fait trêve avec tout travail depuis l’impression de mon cinquième Volume, et je m’en trouve à merveille. Je suis fort curieux de voir vos recherches sur les équations indéterminées du second degré ; je me suis autrefois un peu occupé de cette matière, qui m’a paru très-difficile. Quant à présent, je ne veux rien faire, de six mois au moins, qui exige de moi une forte application. Adieu, mon cher et illustre ami ; je me réfère pour le reste à la Lettre