Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 13.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

65.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, ce 16 juin 1769.

Mon cher et illustre ami, je me disposais à vous envoyer le paquet ci-joint, et dont je vous parlerai dans un moment, lorsque j’ai reçu votre Lettre du 1er juin, par laquelle vous m’apprenez que vous avez été malade. Quoique vous n’entriez là-dessus dans aucun détail, je vois que cette maladie a été assez sérieuse, et ce que vous me dites de vos travaux me fait craindre que l’excès de l’application n’en soit la cause. Au nom de Dieu, mon cher ami, ménagez-vous ; songez que vous avez la plus belle carrière à parcourir et que le moyen d’y courir longtemps c’est de ne pas vous essouffler à l’entrée. Que mon exemple vous soit utile j’ai observé assez de régime dans le travail, et je suis cependant vieux à cinquante ans. J’espère que vous voudrez bien me donner de vos nouvelles, et je me flatte d’apprendre votre parfait rétablissement. Ne vous forcez point pour travailler à notre prix si votre santé ne vous le permet pas. Je doute d’abord qu’Euler concoure ; il a fait demander à l’Académie s’il ne pourrait pas lui envoyer son Ouvrage imprimé, et l’Académie a décidé, à la vérité contre mon avis et celui des meilleurs de nos géomètres, qu’elle s’en tiendrait à ses règles ordinaires ; ainsi, je ne sais pas s’il nous enverra son manuscrit et s’il le pourra à temps. Nous n’aurons donc vraisemblablement que des Ouvrages qui nous détermineront à remettre encore le prix. Je souhaite pour vous que nous y soyons obligés.

Le Mémoire ci-joint contient quelques nouvelles recherches sur les cordes, dont je souhaite que vous soyez content ; je vous en enverrai bientôt un autre. Vous les ferez imprimer quand et comme vous voudrez. Je serai bien charmé que vous me fassiez part de vos remarques sur mon cinquième Volume d’Opuscules. À propos de cela, je me sou-