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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

viens que vous m’aviez promis, il y a longtemps, quelques réflexions sur le Calcul des probabilités. Je pense que cette matière est toute neuve et aurait besoin d’être traitée par un mathématicien tel que vous.

Je verrai avec grand plaisir vos recherches sur les équations ; j’attends le Volume de 1762 et je vous prie de dire à M. Beguelin que je lirai avec attention ses Mémoires sur la Dioptrique. Faites-lui, je vous prie, mille compliments de ma part ; il ne doit point douter que je ne sois disposé à lui rendre auprès du roi tous les services qui pourront dépendre de moi, et certainement je parlerai en sa faveur en temps et lieu ; mais malheureusement je n’ai pas autant de crédit qu’il se l’imagine.

Je ne doute pas que l’Académie n’ait grand besoin d’un président ; pourquoi ne vous le ferait-on pas ? Dites-moi si cela vous convient, et j’agirai. Je vais, en attendant, préparer les voies en écrivant de nouveau au roi tout le bien que je pense de vous. À propos de votre Académie, j’ai toujours oublié de vous demander ce que vous pensez de M. Lambert[1] ; ce que j’ai lu de lui jusqu’à présent ne me paraît pas de la première force : on dit pourtant que M. Euler en faisait grand cas. J’attends incessamment de Pétersbourg le Calcul intégral de ce dernier, et je ne serais même pas fâché de voir ses Lettres à une princesse d’Allemagne ; suivant ce que vous m’en dites, c’est son Commentaire sur l’Apocalypse[2]. Notre ami Euler est un grand analyste, mais un assez mauvais philosophe.

Je désire savoir votre avis sur mes nouvelles objections à Daniel Bernoulli ; il me semble que je détruis assez bien les prétendues vibrations multiples. Le jeune Bernoulli a passé ici quinze jours ; je lui ai fait beaucoup d’amitiés ; je lui ai dit un mot du peu d’honnêteté de son oncle à mon égard et je l’ai assuré, ce qui est très-vrai, que je n’en

  1. Jean-Henri Lambert, l’un des savants les plus remarquables du XVIIIe siècle, fils d’un réfugié français, né à Mulhouse le 29 août 1728, mort en 1777 à Berlin, où, depuis 1764, il était membre pensionnaire de l’académie.
  2. Allusion à l’Ouvrage de Newton sur l’Apocalypse.