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rendrais pas moins au neveu tous les services qui dépendraient de moi, parce que, en effet, il me paraît le mériter. Vous m’aviez promis de donner un peu sur les doigts à Daniel Bernoulli, et vous ferez bien. Quant à moi, je trouve très-bon qu’on m’attaque et même qu’on me réfute, pourvu qu’on n’y procède pas, comme dit Montaigne, d’une trogne trop impérieusement magistrale[1]. Adieu, mon cher ami ; je vous embrasse.


66.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, ce 30 juin 1769.

Mon cher et illustre ami, voilà un petit Supplément au second des deux Mémoires que vous avez dû recevoir il y a huit jours. Je me suis aperçu d’une méprise qui est corrigée, comme vous le verrez, dans ce Supplément. Cependant, comme la restriction n’a lieu que quand les deux suites en question sont finies, je crois qu’il n’y a nul inconvénient à imprimer les deux Mémoires tels qu’ils sont ; il faudra seulement avoir l’attention que la correction que je vous envoie se trouve dans le même Volume où sera le second Mémoire.

J’ai ajouté à celui-ci un petit post-scriptum que je vous prie d’avoir soin de faire imprimer à la fin. Je croyais avoir fait le premier la remarque singulière et importante qui est à la fin de l’article XVIII sur les cas où, dans une équation différentielle, est tout ce qu’on voudra, étant zéro. À peine avais-je écrit le peu que je vous dis à ce sujet, que j’ai reçu le premier Volume du Calcul intégral d’Euler, et j’ai vu que ce, diable d’homme avait déjà fait la même remarque. Cependant

  1. Voici la phrase de Montaigne « Pourveu qu’on n’y procède d’une trongne trop impérieuse et magistrale, je preste l’espaule aux repréhensions que l’on faict en mes escripts. » Essais, liv. III, chap. VIII. Paris, Didot, 1802, in-12, t. IV, p. 37.