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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

trouver les racines imaginaires, dont je n’avais dit qu’un mot dans le § 2 du second Mémoire.

À Dieu ne plaise que je désapprouve l’espèce d’opiniâtreté que vous mettez dans vos recherches ; je sais que c’est le moyen de réussir dans tout ce qu’on se propose, et je me rappelle toujours d’avoir ouï dire que Newton répondait à ceux qui lui demandaient comment il avait pu trouver le système du monde que ce n’était qu’à force d’y avoir pensé.

J’ai fait votre commission à M. Beguelin, il est extrêmement sensible à l’intérêt que vous voulez bien prendre à ce qui le regarde. M. Lambert vous remercie aussi des bons offices que vous voulez bien lui rendre auprès du Roi ; il, m’a remis deux de ses Ouvrages latins pour que je vous les fasse parvenir de sa part ; un des amis de M. Thiébaut s’en est chargé, et je crois que vous ne tarderez pas à les recevoir. L’un de ces Ouvrages, c’est sa Photometria, que vous avez paru désirer ; l’autre, c’est un petit Traité sur l’orbite des comètes et des planètes[1], où il y a de très-beaux théorèmes, surtout celui de la page 124, concernant le temps nécessaire pour parcourir un arc quelconque d’ellipse ou de parabole. Je ne doute pas que M. Bernoulli ne vous ait aussi engagé à vous intéresser pour lui ; vous lui rendriez un service d’autant plus grand que j’apprends qu’il vient de se marier. Nous avons depuis hier un nouvel associé étranger : c’est M. Messier[2], que vous connaissez sans doute, au moins de réputation. Comme j’ai eu quelque part à son élection, je suis bien aise de vous dire comment la chose s’est passée. M. Messier a écrit au Roi pour lui donner part de la comète qu’il venait de découvrir, et, à cette occasion, il l’a prié de lui accorder une place d’associé étranger dans l’Académie. Sa Majesté s’est d’abord contentée de m’envoyer la Lettre de M. Messier et de m’enjoindre de correspondre avec lui sur ce sujet. J’ai fait part de cette affaire à l’Académie, et elle m’a chargé d’insinuer au Roi, dans ma réponse, qu’elle serait charmée de s’attacher M. Messier en qualité de membre étranger,

  1. Insigniores orbitæ cometarum proprietates. Augustæ Vindelicorum, 1761, in-8o.
  2. Charles Messier, astronome, membre de l’Académie des Sciences (1770), puis de l’Institut, né à Badonviller (Meurthe) le 26 juin 1730, mort à Paris le 12 avril 1817.