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CORRESPONDANCE

nir sur d’autres questions, mais depuis deux mois mon estomac est si délabré, que je ne puis presque pas me livrer au travail. Les remèdes que j’ai voulu faire n’ont servi qu’à l’affaiblir encore. Enfin, j’ai pris le parti de n’en plus faire du tout et de m’en tenir au régime. C’est par là que j’espère me guérir. Vous voyez bien qu’en cet état il n’est pas possible que je songe au voyage d’Italie ; il y a même à parier que, si cela continue, je finirai par un grand voyage dont je ne reviendrai pas si tôt. Je prends tout cela fort en patience, et je tâcherai de traîner le moins douloureusement que faire se pourra ce qui me reste de temps à vivre. Adieu, mon cher ami, je n’ai pas la force de vous en écrire plus long, étant, actuellement même, obligé de quitter à chaque instant pour une indigestion considérable, quoique depuis quinze jours je ne mange plus de viande. Heureusement cela se passe sans douleur, et c’est la manière la moins pénible et la moins triste. Je vous embrasse de tout mon cœur et serai jusqu’à ma fin (prochaine ou éloignée) avec les sentiments d’estime, d’attachement et d’intérêt que vous m’avez inspirés.

À Monsieur de la Grange,
de la Société royale des Sciences de Turin, à Turin.

8.

LAGRANGE À D’ALEMBERT.

À Turin, ce 1er septembre 1764.

Voilà, mon cher et illustre ami, trois de vos Lettres que j’ai reçues en assez peu de temps ; on m’en a apporté deux de la poste, et la troisième m’a été remise par M. Watelet, qui a passé ici il y a quelques jours. Je dois à celle-ci l’honneur d’avoir connu un des plus beaux génies de la France, et, ce qui me touche bien plus, un de vos meil-