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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

j’ai pourtant pris à bâtons rompus une idée générale de votre méthode pour la résolution des équations, qui, autant que j’en puis juger, me paraît très-belle et très-simple. Il me serait, ce me semble, plus facile, surtout à présent, de prendre la Lune avec les dents que d’en faire autant. M. de Condorcet est hors de Paris depuis deux mois. Adieu, mon cher et illustre ami faites mes compliments et presque mes adieux à tous ceux qui veulent bien se souvenir de moi. Je verrai si le reste de la belle saison (qui n’est pas encore trop venue, car il fait un temps horrible) raccommodera ou soulagera ma tête ; si elle est dans le même état à la fin d’août, j’essayerai peut-être de la saignée, car il y a, je crois, tout à la fois rhumatisme dans la tête et défaut de circulation au dedans. Adieu je vous demande pardon de vous entretenir si tristement et je finis en vous embrassant de tout mon cœur. Dites, je vous prie, à M. Bitaubé que je lui répondrai incessamment et que M. et Mme de Bruas, dont il est en peine, se portent bien.


83.

LAGRANGE À D’ALEMBERT.

À Berlin, ce 26 août 1770.

Je vous suis infiniment obligé, mon cher et illustre ami, du précis que vous avez bien voulu me donner de la pièce d’Euler sur la Lune. Non-seulement je ne vois pas que sa méthode puisse avoir quelque avantage sur les méthodes connues, mais il me paraît au contraire qu’elle leur est même inférieure à plusieurs égards ; d’ailleurs cette méthode ne contient rien, ce me semble, qui puisse être pris pour une découverte, et encore moins pour une découverte telle que M. Euler l’avait annoncée. J’aurais bien de la peine à passer une pareille fanfaronnade à un écolier ; du moins j’en concevrais une très-mauvaise opinion, et