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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

Vous trouverez dans ce paquet deux Mémoires de moi sur la libration de la Lune[1] je souhaite que vous en soyez content ; il y a, ce me semble, quelques vues et quelques recherches que j’aurais perfectionnées et simplifiées si mà santé me l’avait permis. Vous y trouverez aussi le Mémoire de Fontaine sur les tautochrones[2]. Il me paraît d’une injustice et d’une insolence rares, et je vous recommande de ne le pas épargner, ni sur cette matière, ni sur les maxima et minima, ni sur les équations. Qui se fait brebis, le loup le mange : c’est un proverbe qui me paraît très-vrai et que je me suis toujours bien trouvé d’avoir suivi.

J’ai écrit au Roi en faveur de M. Beguelin[3] ; j’espère qu’il y aura égard. Ce prince met le comble à ses bontés pour moi en voulant bien me donner les secours nécessaires à mon voyage[4], car je ne suis pas assez riche pour aller à mes dépens même en Provence. Ma fortune est peu considérable, j’ai des charges énormes et indispensables, quoique volontaires, et la plupart de mes pensions sont retardées pour le payement. Avec cela on n’est pas en fonds.

Quoique très-peu capable de travail, je ne puis m’empêcher de m’occuper encore quelquefois de Géométrie, à la vérité légèrement, et dans les moments où ma tête est un peu moins vacillante. J’ai eu occasion de revenir ces jours-ci sur la démonstration du principe de la force d’inertie, que j’ai donnée dans le Tome IV de mes Opuscules, et je crains qu’elle ne soit insuffisante, à moins d’y joindre une considération métaphysique dont je ne suis pas pleinement satisfait. En deux mots, voici

  1. Recherches sur les mouvements de l’axe d’une planète quelconque dans l’hypothèse de la dissimilitude des méridiens. Suite de ces Recherches (Mémoires de l’Académie, 1768, p. 1 et 332).
  2. Addition au Mémoire imprimé en 1734, sur les courbes taulochrones. (Mémoires de l’Académie, p. 460.)
  3. « J’oserai, Sire, recommander de nouveau à ces mêmes bontés M. Beguelin, qui vient de donner dans les Mémoires de l’Académie d’excellentes recherches sur les lunettes achromatiques, très-propres à perfectionner cet objet important. Outre l’estime que je fais de ses talents, je lui dois encore de la reconnaissance pour quelques excellentes remarques qu’il a faites sur un de mes écrits qui a rapport au même objet. » (Lettre à Frédéric II, du 10 août 1770, t. XXIV, p. 497.)
  4. Ce secours était de 6000 livres. Voir la Lettre suivante de d’Alembert.