Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 13.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rer. J’ai tâché, en disant au jeune prince des choses flatteuses, de faire parler les sciences avec dignité. Vous trouverez aussi dans cette même feuille quelques autres faits qui pourront vous intéresser. La Lettre de l’infant de Parme[1] ne plaira pas aux ennemis de la philosophie, et la construction d’un mausolée à Descartes dans une église de Suède[2] doit, ce me semble, nous rendre un peu honteux de le laisser, dans l’église de Sainte-Geneviève de Paris, sans monument et presque sans épitaphe[3]. Au reste, je vous préviens encore que tout ce que je vous envoie ne sera public qu’à la fin de cette année au plus tôt ; ainsi, je vous recommande d’empêcher que mon discours ne paraisse dans quelque journal avant ce temps-là, non plus que la Lettre du prince de Parme et celle du prince de Suède. L’Académie pourrait m’en savoir mauvais gré. Pour éviter cet inconvénient, je désire que cette feuille de notre Histoire ne sorte point de vos mains avant le mois de janvier prochain. Vous pourrez seulement la faire lire à MM. Bitaubé, Beguelin, etc., si vous le jugez à propos, et à ceux qui vous paraîtront le désirer. Adieu, mon cher et illustre ami je serai de retour au mois de janvier si je ne vais qu’en Languedoc et-en Provence, et au mois de mai

  1. Le 3 décembre Christian VII, roi de Danemark, assista à une séance de l’Académie des Sciences où il fut reçu avec grand honneur. D’Alembert lut devant lui un discours rempli de pensées philosophiques, qui était adressé à l’assemblée. « Une copie de ce discours, dit l’Histoire de l’Académie, étant tombée entre les mains de S. A. R. l’infant Ferdinand, duc de Parme, ce prince en fit une traduction qu’il envoya à M. d’Alembert, écrite tout entière de sa main, et, ce dernier lui en ayant témoigné sa vive et respectueuse reconnaissance, l’infant lui fit l’honneur de répondre par une Lettre, aussi de sa main. La modestie de M. d’Alembert nous en a caché une partie, mais nous ne pouvons nous dispenser d’en citer quelques endroits aussi honorables pour les sciences que pour le prince, etc. » Mémoires de l’Académie des Sciences, Histoire, année 1768, pages 3-9.
  2. « Le 1er juin 1768, dit l’Histoire de l’Académie, l’Académie apprit par M. Baër son correspondant, que l’église de Saint-Olof de Stockholm, dans laquelle le célèbre Descartes avait été enterré, étant dans le cas d’être rebâtie, S. A. R. Mgr le prince royal de Suède (Gustave) avait ordonné qu’on construisît à ses frais, dans la nouvelle église, un monument magnifique au philosophe français. » L’Académie chargea son secrétaire, G. de Fouchy, d’écrire au prince pour le remercier (20 juin 1768), et celui-ci lui répondit (26 juillet 1768) dans les termes les plus flatteurs pour l’Académie. Voir Mémoires de l’Académie des Sciences de 1768, Histoire, pages 1-3.
  3. Il y avait sur un des piliers de la nef, à droite en entrant dans l’église, un buste de Descartes et deux épitaphes, l’une en latin, l’autre en vers français. (Voir Hurtaut, Dictionnaire de Paris, t. I, p. 50.)