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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

stances qui l’ont accompagnée ; quoiqu’il se fût déchaîné contre moi sans rime ni raison, le souvenir de ses anciennes bontés pour moi m’empêchait cependant de lui en vouloir du mal. Aussi ai-je tâché de mettre dans mes réponses toute la modération que son procédé peu équitable pouvait me permettre. Mon Mémoire sur les tautochrones paraîtra à Pâques ; je suis fâché qu’il vienne après la mort de celui qui en est l’objet et qui y est particulièrement intéressé ; il en est de même du Mémoire sur les maxima et minima que j’ai envoyé à Turin il y a plus d’un an. Dieu sait quand ce Volume de Turin paraîtra ; si vous aviez occasion d’écrire làrbas à quelqu’un, vous devriez faire quelques plaintes sur le retardement de la publication de ce Volume, et je crois que tous les étrangers qui y ont concouru vous en auraient obligation.

Je vous remercie de m’avoir annoncé l’arrivée du marquis Caraccioli je lui écris par ce même ordinaire. Je compte que vous aurez quelquefois occasion de le voir ; c’est un homme qui, par son propre mérite et par les sentiments d’estime qu’il a pour vous, ne me paraît pas indigne que vous cultiviez sa connaissance.

J’ai écrit vos compliments à M. Dutens pour le tranquilliser. Je ne sais si vous savez qu’étant dernièrement à Rome il y a publié (apparemment pour faire un peu sa cour au pape et aux cardinaux, dont il a en effet reçu des gracieusetés, qu’on ne lui aurait pas faites sans cela) une brochure anonyme intitulée le Tocsin[1], dans laquelle il maltraite un peu Voltaire[2] et les autres apôtres de l’incrédulité. Comme il y a un passage qu’on a voulu vous appliquer, quoique l’auteur m’ait juré qu’il ne vous avait point eu en vue, il a craint de vous avoir indisposé contre lui et m’a chargé de tâcher de savoir sous main si vos sentiments pour lui étaient toujours les mêmes. Au reste, je vous prie que cela soit dit entre nous, parce qu’il en pourrait résulter des tracasseries

  1. Le Tocsin, Rome, 1769, in-8o. Il fut fait à Turin, à Paris et à Londres des éditions de cet écrit, que l’auteur a réimprimé dans ses Œuvres mêlées (Genève, 1784, in-8o), ou, sous le titre d’Appel au bon sens, il occupe les pages 175 à 212.
  2. Voir la page 186.