mettiez pas vis-à-vis de lui, car je vous avoue que je n’aime pas les querelles et que je regarde mon repos comme rem prorsus substantialem. Adieu, mon cher ami ; portez-vous bien et aimez-moi autant que je vous aime. Je vous embrasse de tout mon cœur un million de fois.
100.
D’ALEMBERT À LAGRANGE.
M. de Fouchy m’a dit, mon cher et illustre ami, que la pièce qui a pour devise Juvat integros accedere fontes venait de Berlin. Si vous en connaissez l’auteur et qu’il n’ait pas joint son nom à sa pièce, vous devriez l’engager à prendre cette précaution, car on ne sait pas ce qui peut arriver, et, en tout état de cause, je promets à l’auteur qu’il ne sera jamais compromis. Il ferait donc bien d’envoyer son nom cacheté dans un billet et sur le billet la devise de la pièce. Il pourrait l’adresser à M. de Fouchy, ou, ce qui serait encore mieux, vous pourriez l’envoyer à votre ami le marquis Caraccioli, rue Saint-Dominique, à l’hôtel de Broglie, et le charger de le remettre à M. de Fouchy ou à moi. Encore une fois, l’auteur peut bien être assuré qu’il n’en sera point fait un mauvais usage.
Vous savez peut-être que Morgagni[1], de Padoue, est mort. C’était un de nos huit associés étrangers. Nous en avons deux fort peu dignes de l’être, un prince Jablonowski et un prince de Löwenstein[2], et parmi les cinq autres il n’y a que deux mathématiciens, Bernoulli et Euler, et trois physiciens, Van Swieten, Haller et Linnæus : Vous voyez qu’il nous faut un géomètre il ne tiendra pas à moi bien certainement que