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103.

LAGRANGE À D’ALEMBERT.

À Berlin, ce 19 avril 1772.

Permettez, mon cher et illustre ami, qu’avant de répondre à votre Lettre du 25 de mars je vous fasse mes compliments sur la place de secrétaire de l’Académie française qu’on vient, dit-on, de vous donner ; je ne doute pas que, sachant jusqu’où je porte mon attachement et ma vénération pour vous, vous ne soyez bien convaincu de la sincérité de mes félicitations et de tout l’intérêt que je prends à ce qui vous regarde. Pour venir maintenant au sujet de votre Lettre, je vous avouerai que la nouvelle que vous m’y donnez du succès de ma pièce sur le problème des trois corps m’a fait un très-sensible plaisir, et ce qui augmente encore ma satisfaction, c’est la manière obligeante et pleine d’amitié dont vous m’annoncez ce succès, qui a véritablement surpassé mon attente ; aussi je suis fort porté à croire que votre cœur a beaucoup influé sur le jugement que vous avez porté de mon travail ; mais je n’en suis pas moins flatté, et ma reconnaissance n’en est que plus grande.

Je vous prie de vouloir bien remercier de ma part MM. Cassini, Lemonnier, de Condorcet et Bossut de ce qu’ils ont jugé ma pièce digne de leurs suffrages et de leur dire combien je suis sensible à l’honneur qu’ils m’ont fait de m’associer au triomphe de M. Euler. Sans vanité, je regarde cette circonstance beaucoup plus avantageuse pour moi que si j’avais remporté le prix tout seul, surtout étant le successeur de M. Euler, qui a laissé dans ce pays beaucoup d’admirateurs et peut-être même plus qu’il n’en avait lorsqu’il était ici. Quant à l’argent du prix, je vous suis très-obligé de ce que vous voulez bien vous employer pour me le faire parvenir sans frais ; mais ne faudrait-il pas que je vous en envoyasse un reçu d’avance, puisque je n’ai point de récépissé du