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assez au long de vous, et de vos succès, et du choix que nous allions faire de vous, et dont j’étais sûr[1]. Nous avions pourtant des confrères qui voulaient Franklin, mais ils se sont rendus à mes raisons.

J’ai déjà pris des mesures pour vous faire parvenir l’argent du prix par MM. Thelusson et Necker. Vous recevrez dans peu la lettre de change nécessaire pour cela. Je crois, toutes réflexions faites, et pour raisons qu’il serait trop long de vous dire, qu’il vaut mieux que vous soyez possesseur de cet argent que de le laisser dans la caisse de l’Académie. Suivant mes arrangements, la lettre de change pourra vous être envoyée par le courrier de lundi prochain, 25 de ce mois.

J’ai bien envie de lire votre Volume de 1770, et surtout ce que vous y aurez mis. Pour moi, tous nos tracas littéraires et la faiblesse de ma tête, qui est toujours la même, ne me permettent tout au plus que de corriger les épreuves du sixième Volume de mes Opuscules, qui ne paraîtra pas sitôt, et qui ne sera pas merveilleux ; mais je l’imprime pour m’en débarrasser, comme une p…… épouse son amant pour s’en défaire.

L’impression des Mémoires de l’Académie en trente-trois Volumes n’est encore qu’en projet et coûtera tout au plus+00 livres. Si vous voulez en faire l’acquisition, je prendrai pour vous une souscription quand la chose sera en train, car, encore une fois, ce n’est jusqu’à présent qu’un projet du libraire Panckoucke. On dit que votre roi de Sardaigne est malade, et même condamné à n’en pas revenir. Je ne sais

  1. Voici ce que d’Alembert écrivait à Frédéric le 16 mai : « Permettez-moi de commencer cette Lettre par le compliment que je crois devoir à Votre Majesté sur les succès d’un savant que ses bontés ont fait connaître à l’Europe, succès dont la gloire rejaillit sur votre Académie, dans laquelle vous avez bien voulu lui donner une place distinguée. M. de la Grange vient de remporter, pour la quatrième ou cinquième fois, le prix de notre Académie des Sciences, avec les plus grands éloges et les mieux mérités, et je crois pouvoir annoncer d’avance à Votre Majesté qu’il sera élu dans peu de jours associé étranger de notre Académie. Ces places sont très honorables, parce qu’elles sont en petit nombre, fort recherchées, occupées par les savants les plus célèbres de l’Europe, qui ne les ont obtenues que dans leur vieillesse, au lieu que M. de la Grange n’a pas, je crois, trente-cinq ans. Je me félicite tous les jours de plus en plus, Sire, d’avoir procuré à votre Académie un philosophe aussi estimable par ses rares talents, par ses connaissances profondes et par son caractère de sagesse et de désintéressement. » (Œuvres de Frédéric II, t. XXIV p. 564.)