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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

circonstances mettent M. de la Place dans le cas de suivre ces vues. Son admission récente à l’Académie des Sciences et quelques changements qui pourront peut-être arriver dans sa position à l’École milifaire nous le feront peut-être conserver, et je le souhaite pour notre Académie, où la Géométrie commence à s’affaiblir beaucoup. Nous venons de donner à M. de Condorcet la survivance de la place de secrétaire[1]. Il la méritait bien par les excellents Éloges qu’il vient de publier des académiciens morts avant 1699, où commencent les Éloges de Fontenelle. Vous aurez peut-être déjà reçu ces Éloges, que M. de Condorcet m’a dit vous avoir envoyés, et je crois que vous en serez content. Ils ont eu ici un succès unanime.

Vous aurez peut-être aussi reçu la suite et la fin du sixième Volume de mes Opuscules ; vous-n’y trouverez pas grand’chose qui mérite votre attention. J’y ai donné une manière nouvelle d’envisager le mouvement des fluides dans des vases, qui peut servir, si je ne me trompe, à expliquer les mouvements les plus irréguliers, sans avoir recours à la théorie fausse et précaire du chevalier de Borda sur ces questions. Je me propose même de développer cette théorie, sur laquelle j’ai déjà bien des matériaux ; mais je ne me mettrai pas sitôt à ce travail, ayant résolu, pour reposer ma tête, de m’abstenir au moins pendant une année de tout travail mathématique ; j’y supplée par quelques occupations littéraires, et principalement par l’histoire de l’Académie française, dont je fais la continuation et que j’ai fort avancée cet hiver. Ce travail, sans m’intéresser à beaucoup près autant que la Géométrie, met au moins dans ma vie un remplissage qui me la fait supporter.

  1. Voici comment les choses se passèrent :

    Le 27 février 1773, Grandjean de Fouchy donna connaissance à l’Académie des Sciences de la demande qu’il avait adressée au duc de la Vrillière pour qu’on lui donnât Condorcet comme adjoint au secrétariat, et de la réponse qu’il avait reçue. Cette réponse motiva quelques représentations de l’Académie, qui, le 6 mars, vota l’adjonction de Condorcet. Le 10, M. Trudaine, président, lut à la Compagnie la Lettre suivante du duc de la Vrillière :

    « J’ai l’honneur, Monsieur, de vous informer que, d’après la délibération de l’Académie, le Roi a accordé à M. de Condorcet l’adjonction et la survivance à la place de secrétaire, l’intention de Sa Majesté étant qu’il succède à cette place dans le cas où elle viendrait à vaquer. » (Registres manuscrits de l’Académie des Sciences.)