Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 13.djvu/268

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Je voudrais savoir, mon cher ami, si la mort du roi de Sardaigne[1] et l’avènement de son successeur au trône apporteront quelque changement à votre état ; le nouveau roi entendra-t-il assez les intérêts de sa gloire pour vous rappeler dans votre patrie ? S’il vous fait des propositions, je vous conseille fort de ne les accepter que dans le cas où elles seraient convenables et avantageuses, car je vois que vous êtes heureux à Berlin, que vous y jouissez d’une fortune suffisant à vos désirs, que vous y vivez dans le repos et avec l’estime du Roi et celle du public, que vous n’y êtes point exposé à l’oeil vigilant de la superstition et de l’intolérance, et je crois que vos principes de conduite sont assez semblables aux miens, savoir que quand on est à peu près bien il faut rester comme on est, la condition humaine ne permettant pas qu’on soit bien tout à fait. Si vous apprenez quelque chose ou si vous formez quelque résolution à ce sujet, ma tendre amitié espère que vous lui en ferez part.

Nous venons de donner le prix des montres marines, pour la seconde fois, à M. Le Roy[2] ; il y avait pourtant une autre montre d’un horloger nommé Berthoud[3], qui valait peut-être encore mieux que celle de Le Roy ; mais Berthoud, je ne sais par quelle raison, n’a pas voulu se mettre au concours. Nous proposerons pour prix quelques questions sur les aiguilles aimantées. Je vous enverrai le programme dans quinze jours, dès qu’il sera public. Je compte sur la promesse que vous me faites d’envoyer quelque chose pour le concours de la Lune ; je suis d’avance très-curieux de voir ce que vous aurez fait sur l’équation sé-

  1. Charles-Emmanuel III, mort le 20 février 1773, avait eu pour successeur son fils Victor-Amédée III.
  2. Le sujet du prix était de déterminer la meilleure maniére de mesurer le temps à la mer. Pierre Le Roy, horloger du Roi (né à Paris en 1717, mort à Vitry-sur-Seine en 1785), avait déjà remporté, en 1769, le prix proposé sur le même sujet. Voir Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1773, Histoire, page 76, et l’Avertissement (p. 3) du Tome IX du Recueil des prix de la même Académie.
  3. Ferdinand Berthoud, qui devint plus tard membre de l’Institut, était né en 1725 dans le canton de Neuchâtel et mourut à Groslay (Seine-et-Oise) le 20 juin 1807. Il y avait une grande rivalité entre lui et Le Roy. Voir, entre autres, l’Ouvrage de Le Roy intitulé Précis des recherches faites en Frane, depuis l’année 1730, pour la déterminationdes longitudes en mer pour la mesure artificielle du temps (Amsterdam et Paris, 1773, in-4o.