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120.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, ce 6 décembre 1773.

Mon cher et illustre ami, je viens de lire une Lettre que vous avez écrite à M. de Condorcet[1] et dans laquelle vous vous plaignez de mon long silence, en paraissant craindre que je ne sois indisposé contre vous. Et d’où pourrais-je l’être, mon cher ami, moi qui n’ai jamais eu qu’à me louer de vos procédés à mon égard, et dont l’estime et l’attachement pour vous augmentent tous les jours ? Mais une fatalité dont je n’ai pas été le maître a été cause de ce long silence. Je vous avais écrit au mois de septembre dernier par M. le comte de Crillon, qui comptait être à Berlin dans les premiers jours d’octobre. Il a jugé à propos de changer l’ordre de son voyage dans les cours du Nord et finira peut-être par Berlin, par où il devait commencer, et Dieu sait quand vous aurez ma Lettre. Je comptais depuis vous écrire par M. de Catt, à qui je dois aussi une réponse ; mais une Lettre que j’attends de M. Bitaubé m’a empêché jusqu’à ce moment d’écrire à M. de Catt. Enfin je prends mon parti de vous écrire directement par la poste et de vous renouveler l’assurance de tous les sentiments que vous m’avez si justement inspirés.

M. de Condorcet vous répondra bientôt et dès qu’il pourra vous envoyer ses nouveaux Mémoires imprimés. Ne doutez point que nous recevions et n’imprimions avec empressement les Mémoires que vous nous destinez. Quant à la pièce pour le prix dont vous parlez à M. de Condorcet, vous pouvez dire à l’auteur qu’il ne dépendra pas de moi qu’elle ne soit admise, d’autant (soit dit entre nous) que nous n’en avons point d’autre. Je serais même fort d’avis, si la pièce le mérite,

  1. Probablement la Lettre du 1er décembre 1772, que l’on trouvera dans le Volume suivant (t. XIII, 2e Partie).