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vous ai annoncées sont peu de chose et ne regardent presque que la manière de déterminer le mouvement de l’apogée, je remettrai à une autre fois à vous les communiquer, et j’attendrai même pour cela que vous soyez revenu entièrement au giron de la Géométrie.

Ce que vous me dites du P. Boscovich ne me surprend pas ; je connais depuis longtemps la briga fratesca[1] ; il n’est sûrement pas indigne d’être de votre Académie, dont tous les membres ne sont pas des d’Alembert, mais il le deviendrait s’il prétendait y entrer d’une manière irrégulière.

À propos d’Académies, j’ai reçu, il y a peu de temps, une Lettre de M. Giraud de Keroudou[2], nouveau professeur au Collége royal[3], par laquelle, en me faisant part de sa nomination à cette place, qu’il regarde comme l’effet de votre recommandation et de celle de M. de Condorcet, il me demande comment il devrait s’y prendre pour se procurer l’entrée dans notre Académie. Je lui ai répondu que je croyais que le meilleur et même l’unique moyen pour cela était d’écrire directement au Roi, comme bien d’autres l’ont déjà fait avec succès ; mais j’ai oublié de lui dire qu’il ne doit pas faire sentir dans sa Lettre que c’est moi qui

  1. L’intrigue des moines.
  2. L’abbé Girault de Keroudou avait été professeur de Philosophieau Collége de Navarre.

    Il a publié divers écrits mathématiques.

    La Bibliothèque de l’Institut possède en copie une Lettre de Condorcet à Turgot au sujet de cet abbé. En voici un extrait :

    « Je vous prie de vouloir bien me rendre le service de défendre un de mes amis contre un mauvais tour que Fouchy lui a joué par malice ou par bêtise. C’est M. l’abbé Girault de Keroudou, professeur au Collége royal et à celui de Navarre. C’est un homme de mérite qui a été, il y a quinze ans, mon professeur, et qui depuis ce temps est resté mon ami. Il a des connaissances mathématiques très-étendues et il désirait être de l’Académie. En conséquence, il a présenté un Mémoireà l’Académie pour lui prouver qu’il était du bien des Sciences d’avoir une place toujours remplie par un professeur de l’Université, et, par ce moyen, de répandre les découvertes des académicienset d’introduiredans les Collèges une bonne doctrine. On a rejeté ce projet ; je ne sais si l’on a eu raison. M. de Fouchy, qui devait alors garder le Mémoire dans ses registres ou le rendre à l’auteur, l’a communiqué à des membres de l’Université, qui en ont dénoncé au tribunal un extrait infidèle. Cela fait un très-ridicule procès à l’abbé Girault…. Le prétexte du procès est qu’il est dit dans le Mémoire que l’enseignement de la Philosophie a besoin de réforme dans l’Université. »

    Cette Lettre n’est point datée, mais elle a été écrite pendant le ministère de Turgot, c’est-à-dire du 20 juillet 1774 au 12 mai 1776.

  3. Il y était professeur de Mécanique.