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Nous venons de recevoir les pièces sur les aiguilles aimantées[1], dont le prix sera donné à Pâques prochain. Il me semble qu’il y en aura de bonnes ; j’en ai une entre les mains qui me paraît d’un physicien géomètre, et faite avec beaucoup de soin et de détail. C’est un Ouvrage presque complet. Je ne connais pas encore les autres.

Nous venons de donner le Volume de 1771. Il y a plusieurs bons Mémoires de Mathématiques et de Physique. L’histoire est tout entière du marquis de Condorcet ; vous y verrez l’éloge de Fontaine, qui est un chef-d’œuvre ; les autres éloges ne sont pas de lui, et vous vous en apercevrez aisément. Je ne vous dirai pas que cette histoire est un peu différente de celle de notre pauvre Fouchy, mais je vous dirai qu’elle est fort supérieure, selon moi, à celle même de Fontenelle[2], parce qu’elle joint beaucoup plus de savoir et de précision à autant de Philosophie pour le moins. Quant à moi, je suis toujours sevré de Géométrie, ce qui me fâche beaucoup ; cependant j’espère essayer dans quelques mois de reprendre mes anciens travaux. J’ai lu, aux dernières assemblées de l’Académie française, l’éloge de Massillon, celui de Despréaux et celui de Fénelon, qui ont été très-bien reçus ; mais j’aimerais bien mieux la solution d’un beau problème de Géométrie, dont vous seriez content, que tous les applaudissements du public dans un genre où, malgré les compliments, on n’est jamais sûr d’avoir bien fait.

Il me semble que les sciences ont beaucoup à espérer des ministres que le nouveau Roi vient de choisir, et qui sont tous des hommes honnêtes, instruits et éclairés[3]. Dieu veuille que nos espérances se réalisent ! Adieu, mon cher ami ; je vous embrasse tendrement.

À Monsieur de la Grange, directeur de la Classe mathématique
de l’Académie des Sciences de Prusse et de celle de Paris, à Berlin
.
[En note : Répondu le 6 (lisez le 9) janvier 1775.]

  1. Voir plus loin la Lettre de d’Alembert du 14 avril 1775.
  2. On sait la réputation dont jouissent les Éloges des académiciens par Fontenelle.
  3. Louis XVI avait nommé successivement les ministres suivants : comte de Maurepas, ministre d’État (20 mai) ; comte de Vergennes, ministre des affaires étrangères (8 juin) ; comte de Muy, ministre de la guerre (22 juin) ; Turgot, ministre de la marine (22 juin), puis contrôleur général (24 août) ; Hue de Miroménil, garde des sceaux (24 août).