Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 13.djvu/302

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comètes, mais, à vue de pays, il me semble qu’il doit être bien difficile d’ajouter quelque chose à ce que vous avez déjà fait sur cette matière ; d’ailleurs le sujet me paraît assez ingrat par lui-même s’il se présente à mon esprit quelque chose qui me paraisse pouvoir mériter votre attention, je travaillerai pour le prix ; sinon ; je me tiendrai en repos, persuadé qu’il vaut encore mieux ne rien faire que de faire des inutilités.

Je suis charmé de ce que vous me dites de notre marquis Caraccioli dès que je le saurai arrivé à Paris, je le féliciterai sur son heureux retour ; en attendant, je vous prierai de l’embrasser de ma part dès que vous le verrez et de lui renouveler l’assurance de mes sentiments les plus tendres et les plus respectueux. Nous aurons bientôt, ici un envoyé de Sardaigne c’est le marquis de Rosignan[1], que vous avez vu à Paris, et qui a beaucoup plus de mérite que les gens de son rang n’ont coutume d’avoir. -Je saurai de lui ce qui en est de la Société de Turin, dont je n’ai entendu parler depuis un siècle. Vous aurez appris que nous avons perdu M. Mekel[2] ; nous sommes presque sur le point de faire une autre grande perte, celle de M. Margraff[3], qui garde le lit depuis quelques mois, à cause d’une attaque de paralysie qu’il a eue et qui l’a rendu perclus d’une partie de ses membres ; il peut vivre encore longtemps, mais on peut le regarder comme déjà perdu pour l’Académie et les sciences.

Je suis charmé que votre jugement sur l’Ouvrage du P. Frisi s’accorde avec le mien ; je crois que ce serait peine perdue de vouloir l’éclairer ; il ne manquera pas de trouver des admirateurs et des journalistes qui l’exalteront jusqu’aux nues il faut les laisser faire et s’en divertir.

Adieu, mon cher et illustre ami je vous remercie de vos vœux et je

  1. Il avait eu en 1731 un marquis de Rosignan (ou Rosignaz) ambassadeur à Paris ; c’est probablement de son fils que veut parler Lagrange.
  2. Jean-Frédéric Teckel, anatomiste, né à Wetzlar le 31 juillet 1714, mort le 18 septembre 1774 à Berlin, où il faisait partie de l’Académie depuis le 8 mai 1749.
  3. André-Sigismond Marggraf, chimiste, né le 9 mars 1709 à Berlin, où il est mort le 7 août 1780 et où il était membre de l’Académie depuis le 19 février 1738 ; il fut, en 1776, nommé associé étranger de l’Académie des Sciences de Paris.