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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

que je ferai l’impossible pour aller l’en remercier moi-même l’année prochaine, si j’y suis encore. Je serai bien aise de vous revoir encore avant que de mourir, et de vous répéter tout ce que je sens pour vous.

J’ai vu entre les mains de M. de Condorcet votre Mémoire sur les intégrales particulières il m’en a parlé avec le plus grand éloge, mais c’est tout ce que je puis vous en dire, car je crois qu’en ce moment je n’entendrais pas les Élérraents d’Euclide. Travaillez pour nos comètes, quoique j’ignore si je vivrai assez pour avoir le plaisir de vous couronner encore une fois. Assurez bien M. Beguelin que je ferai pour lui, dans l’occasion, tout ce qui dépendra de moi. Peut-être l’année prochaine serai-je à portée de lui être plus utile.

Adieu, mon cher et illustre ami ; je vous embrasse de tout mon cœur, et vous prie de croire que votre amitié et vos succès adouciront toujours mes peines. Je vous écrirai plus au long quand j’en aurai la force. Quand vous m’écrirez, adressez-moi vos Lettres au Louvre, où je demeure à présent, comme secrétaire de l’Académie française. À propos de secrétaire, j’oubliais de vous dire (car en ce moment j’oublie tout, même ce qui m’intéresse le plus) que notre ami Condorcet vient d’être élu unanimement secrétaire de l’Académie des Sciences à la place de notre imbécile Fouchy, qui s’est enfin retiré. Cet événement serait un grand plaisir pour moi, si j’étais encore susceptible de plaisir. Adieu, mon cher ami. Le marquis Caraccioli vous remercie de votre souvenir et vous fait mille compliments. Mes très-humbles respects, je vous en conjure, à votre illustre Compagnie, et mes compliments à MM. Bitaubé, Formey, Thiébault, Lambert, Borrelly, et à tous ceux qui veulent bien se souvenir de moi. Dites, je vous prie, à M. Borrelly que la retraite de M. de Malesherbes[1], arrivée peu de jours après la réception de sa Lettre et de son Plan d’études élémentaires[2], m’a empêché de lui rendre le service qu’il désirait de moi. Je n’ai point vu M. Féron, qui a apporté chez moi son manuscrit ; je n’ai point entendu parler de lui

  1. Malesherbes, qui était ministre de la maison du Roi depuis le 21 juillet 1775, avait donné sa démission lors du renvoi de Turgot (12 mai 1776).
  2. Plan de réformation des études élémentaires. La Haye, 1776 ; in-8o.