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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

en Bresse, sa patrie, et qui ne sera de retour qu’au 15 de novembre. Nous saurons alors ce que ce Volume est devenu.

Avant de vous parler de ma santé, je vous demande des nouvelles de la vôtre. On dit que le tonnerre est tombé dans votre maison et tout auprès de vous. N’en avez-vous point été incommodé ? Ne vous en est-il point resté d’impression fâcheuse ? C’est apparemment le 10 d’août que cet accident est arrivé, car je vois par les nouvelles publiques qu’on a essuyé ce jour-là un violent orage à Berlin et que le tonnerre est tombé en plusieurs endroits de la ville.

Pour en venir à présent à moi, je suis un peu plus content de mon estomac, mais je le suis bien peu de ma tête, qui devient de jour en jour moins propre un travail suivi et profond. J’ai pourtant fait encore quelques recherches sur l’attraction des sphéroïdes et sur la figure de la Terre, mais elles ne méritent guère que je vous en entretienne. Ce qu’il y a de plus fâcheux pour moi, c’est que la Géométrie est la seule occupation qui m’intéresse véritablement, sans qu’il me soit permis de m’y livrer. Tout ce que je fais de littérature, quoique très-bénignement accueilli (à ce qu’il me semble) dans nos séances publiques de l’Académie française, n’est pour moi que du remplissage et une espèce de pis-aller. On dit, à propos, que le grand comte de Buffon, que j’appelle le Balzac de la Philosophie, va donner un Volume où les géomètres sont bien maltraités. Il faudra voir.

Je suis très-fâché que vous ne nous ayez rien envoyé sur les comètes. Nous n’avons qu’une pièce, qui est d’Euler, et qui est toujours bien médiocre, malgré un supplément qu’il y a ajouté. Nous serons bien embarrassés, ou pour donner le prix, ou pour le remettre.

Je regarde, comme vous, M. Lambert comme un académicien d’un très-grand mérite, très-utile aux sciences et à votre Académie, et je vous prie de lui dire de ma part tout l’intérêt que je prends à son état.

Ce n’est pas la peine de reparler de mon Mémoire de 1748 sur les équations de la forme Je ne pensais pas alors, en effet, aux intégrales particulières ; mais il me semble que Clairaut, que vous avez cité, n’y pensait pas plus que moi en 1734, et que j’ai donné en 1748