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trois Volumes de Mémoires qu’il a donnés en allemand, il y a quelques années, contiennent d’excellentes choses, et il serait à souhaiter que quelqu’un voulût les traduire. Il y a dans toutes ses recherches une grande netteté, et il avait surtout l’art de parvenir aux résultats les plus simples, même dans les questions qui paraissaient les plus compliquées. Il s’est laissé mourir peu à peu de consomption, n’ayant jamais voulu, excepté dans les derniers quinze jours, ni prendre aucun remède ni même consulter aucun médecin. Il avait reçu de la nature un caractère et un tempérament admirables ; toujours content de lui-même, il n’a jamais montré la moindre envie ni jalousie. Il avait une façon de penser et d’agir très-naïve, ce qui a souvent indisposé contre lui les personnes qui ne le connaissaient pas particulièrement ; mais, quand on était parvenu à le connaître à fond, on ne pouvait s’empêcher de concevoir pour lui toute l’estime et l’amitié qu’il méritait ; c’est ce qui m’est arrivé. Si j’envie sa vie, j’envie tout autant sa mort, qui a été des plus douces, et dont il ne s’est pas même douté.

Adieu, mon cher et illustre ami ; pardonnez-moi de vous avoir entretenu d’une matière aussi triste. Conservez-vous, au nom de Dieu, et soignez-vous le mieux que vous pouvez. Vous le devez non-seulement à vous-même, mais à tous vos amis et admirateurs, à la tête desquels je prends la liberté de me mettre. Je vous embrasse de tout mon cœur.

À Monsieur d’Alembert, Secrétaire de l’Académie française,
de l’Académie royale des Sciences, etc., au vieux Louvre, et Paris
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150.

LAGRANGE À D’ALEMBERT.

À Berlin, ce 27 janvier 1778.

Permettez, mon cher et illustre ami, que je prenne la liberté de vous adresser l’incluse, que M. Jourdan, beau-frère de M. Bitaubé et tré-