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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

rez en voir la preuve dans le Mercure du 5 septembre[1], où, en faisant l’extrait du dernier Volume de l’Académie, j’ai parlé de vous comme je le dois, comme j’en pense et comme en doivent penser tous ceux qui vous connaissent.

Je vous conjure de nous envoyer quelque chose pour le prix des comètes. Si vous ne venez à notre secours, nous courons le risque de couronner un Ouvrage médiocre. Celui auquel nous avons accordé en dernier lieu la moitié du prix était assez peu de chose. Je suis très flatté de ce que vous me dites de mes Recherches sur la cause des vents. Il y a trente ans que je fis cet Ouvrage et que je fus obligé de le faire en quatre ou cinq mois, du mois d’août 1745, où je reçus le programme, jusqu’au mois de décembre, où il fallut envoyer ma pièce. Ayant depuis ce temps fait de nouveaux pas dans la théorie des fluides et dans le calcul des différences partielles nécessaire à ces sortes de problèmes, j’avais toujours eu envie de reprendre ce travail sur les marées et sur les vents. M. de la Place m’en a dispensé, et je suis fort content de ce qu’il a fait là-dessus, quoique je n’aie pu guère l’étudier à fond ; je crois cependant qu’il lui a échappé quelques remarques assez importantes mais cette omission, si elle est réelle, n’ôte rien au prix de son travail.

Je ne sais si vous aurez reçu un petit éloge de Fénelon que j’ai lu à l’Académie, en présence de l’Empereur[2], et qu’on m’a demandé pour le nouveau Mercure. Je viens d’y mettre encore un Éloge de La Motte, que je compte vous envoyer aussi bientôt. Je suis bien fâché de n’être presque plus en état de m’occuper d’autres choses que de ces misères littéraires, dont pourtant nos beaux esprits ont la bonté de faire quelque

  1. Voici comment d’Alembert y parle de son ami :

    « Nous ne faisons qu’annoncer aussi les belles recherches sur le mouvement séculaire des nœuds et des orbites des planètes par le célèbre M. de la Grange, que l’Académie a couronné tant de fois, qu’elle a adopté très jeune encore dans le petit nombre de ses associés étrangers, dont il est un des plus illustres, et qui unit au plus rare génie le caractère le plus estimable. » (Mercure de France, 5 septembre 1778, p. 55.) Ces lignes sont extraites d’un article sur le Volume des Mémoires de l’Académie des Sciences de 1774.

  2. Cet éloge de Fénelon, imprimé dans le Tome II (p. 487 et suiv.) des Œuvres de d’Alembert (Paris, 1821, in-8o), avait été lu à la séance publique de l’Académie française du 25 août 1774, et le fut encore à une séance particulière du 17 mai 1777, à laquelle Joseph II assista.