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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

156.

LAGRANGE À D’ALEMBERT.

À Berlin, ce 20 mars 1779.

Recevez, mon cher et illustre ami, mes remercîments les plus vifs et les plus sincères de l’honneur que vous m’avez fait en m’envoyant un exemplaire de vos beaux Éloges, et permettez que je joigne mes applaudissements à ceux que cet Ouvrage vous attire de toutes parts. En le lisant, je n’ai été rempli d’autre sentiment que d’admiration et je n’ai été occupé d’autre idée que de celle de m’instruire. Ne m’en demandez donc pas mon jugement. Il n’appartient pas à un profane d’apprécier le mérite de ces sortes de productions. Je ne puis que le sentir, et je vous assure que j’en suis d’autant plus pénétré que je le trouve plus au-dessus de mes forces. J’ai été également enchanté de tous ces éloges et également frappé des traits de génie dont ils brillent ; mais, si vous me demandez quelle impression particulière leur lecture m’a faite, je vous avouerai que celui de Massillon m’a fait souhaiter d’en être le sujet et que les autres m’ont fait plus désirer d’en être l’auteur. J’en attends avec impatience la suite, dont vous ne sauriez priver plus longtemps le public sans une sorte d’injustice, puisqu’il me semble que vous ne pouvez qu’être content de son suffrage et de vos premiers succès dans ce nouveau genre, dans lequel vous vous montrez aussi grand que dans les autres. Je suis maintenant occupé d’un travail bien différent et dont je souhaite que vous puissiez être moins mécontent que moi ; je l’ai déjà quitté et repris plusieurs fois, mais il sera infailliblement prêt pour le temps préfix, si je ne meurs pas avant. Sachant combien vous prenez d’intérêt à ce pays, je ne doute pas que vous ne partagiez notre joie de la paix qui est prête à se conclure, d’autant plus que c’est en grande partie à la France que nous en avons obligation, et cette considération augmente infiniment le plaisir que je ressens de mon côté de cet heureux événement.