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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

plaisir que par devoir, je fais comme les grands seigneurs qui bâtissent : je fais, je défais et je refais plusieurs fois, jusqu’à ce que je sois passablement content de mon travail, ce qui néanmoins arrive très-rarement.

J’ai été occupé presque toute l’année de quelques nouvelles recherches sur la libration de la Lune, dont il est résulté deux Mémoires assez longs que je viens de lire à l’Académie[1]. Je suis parvenu à intégrer complétement les deux équations différentielles qui donnent les mouvements de l’axe lunaire, et ces intégrales m’ont donné une explication si naturelle et si directe de la coïncidenceconstante des nœuds moyens de l’équateur de la Lune avec les nœuds moyens de son orbite, que j’aurais découvert ce phénomène par la théorie s’il ne l’avait pas déjà été par les observations. J’ai examiné aussi d’une manière plus exacte que je ne l’avais fait autrefois l’effet de la non-sphéricité de la Lune sur son mouvement autour de la Terre, et j’ai trouvé deux nouvelles équations, l’une dans le mouvement en longitude et l’autre dans le mouvement en latitude, dont les coefficients sont arbitraires et dont les arguments sont inconnus, mais doivent être très-lents si la Lune diffère, très-peu d’une sphère ces deux équations forment donc des espèces d’équations séculaires, et la première répond très-bien à l’équation séculaire connue de la Lune.

Je vous prie de faire tous mes compliments au marquis de Condorcet et à M. de la Place, et de dire au premier que je viens d’apprendre que sa pièce sur les comètes est imprimée ; lorsqu’on la distribuera à l’Académie, je m’en ferai remettre un exemplaire pour lui et je saisirai la première occasion qui se présentera de la lui faire parvenir[2]. Je ne lui ai pas envoyé notre dernier programme, parce que M. Formey m’avait dit qu’il comptait le lui envoyer lui-même j’ignore s’il l’a fait, mais à l’heure qu’il est il se trouve dans tous les journaux.

  1. Théorie de la librationde la Lune et des autres phénomènes qui dépendent de la figure non sphérique de cette planète, année 1780, p. 203-209. (Voir Œuvres, t. V, p. 5.)
  2. Le Mémoire de Condorcet qui, comme on l’a vu plus haut, avait remporté le prix proposé par l’Académie de Berlin pour l’année 1778, est intitulé Essai sur la théorie des comètes et fait partie d’un recueil des Dissertations qui avaient concouru pour le prix (Utrecht, 1780, in-4o). L’auteur en avait fait faire un tirage à part.