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prierais de vouloir bien vous en charger ; il est certain que personne au monde n’y réussirait mieux que vous, et la mémoire du célèbre Leibnitz mériterait bien un pareil témoignage de reconnaissance de la part de l’un des premiers géomètres de notre siècle.

Adieu, mon cher et illustre ami, portez-vous bien et conservez-moi votre précieuse amitié.


13.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, ce 2 mars 1765.

Mon cher et illustre ami, ma santé est beaucoup meilleure, mais elle a encore éprouvé des alternatives, depuis deux mois, qui m’obligent à observer un grand régime, surtout par rapport au travail. Je suis comme sûr de la rétablir, au moyen de ce que j’ai renoncé non-seulement aux remèdes des médecins, mais encore au genre de vie qu’ils m’avaient conseillé et qui ne valait pas mieux. Il faut avouer que la Médecine est une belle chose ; je la regarde comme au-dessous de la Théologie.

J’ai bien de la peine à croire qu’une courbe tracée au hasard et sans aucune équation possible soit telle que n’y soit jamais fini ni infini à l’origine et n’y fasse jamais de saut nulle part. Il suffit d’ailleurs qu’il soit impossible de démontrer le contraire pour que la solution soit illusoire dans ce cas-là ; et, à l’égard de ce que vous ajoutez qu’il n’y a pas moyen d’expliquer autrement que par cette supposition les phénomènes des cordes sonores qui s’accordent avec la théorie, je vous répondrai ce que j’ai déjà dit ailleurs que, pour l’ordinaire, la première figure de la corde vibrante est un triangle, qui est exclu par vous-même de la solution. À cette occasion, je vous invite à lire les notes que Daniel Bernoulli a mises contre vous (et un peu contre