Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 13.djvu/382

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à Naples pour y occuper une place dans la nouvelle Académie. Le marquis Caraccioli m’en avait fait, en effet, la proposition de la part du ministre vers la fin de l’année passée. Je lui répondis qu’étant assez content de ma situation dans ce pays et du pays même, à l’exception du climat, et n’ayant d’ailleurs d’autre désir que celui du repos nécessaire à mes études, je ne pouvais prendre de détermination à ce sujet que je ne susse précisément ce qu’on pourrait exiger de moi ; je lui marquai en même temps ce que j’ai ici et à quoi je suis tenu. Il ne m’a pas récrit depuis, soit que ses occupations en Sicile l’en aient empêché, ou que mon indécision l’ait refroidi, ou qu’enfin les circonstances relatives à l’Académie aient changé. Comme je crois que vous entretenez avec lui un commerce direct, oserais-je vous prier de lui dire quelque chose de ma part sur cet objet ? Mon unique crainte est que le peu d’empressement ou plutôt la réserve que j’ai montrée à répondre à son invitation ne l’ait peut-être un peu indisposé contre moi, et j’en serais d’autant plus affligé que c’est, après vous, la personne du monde à qui j’ai le plus d’obligation, parce que je lui dois votre connaissance et l’occasion que j’ai eue, en 1764, de gagner votre amitié.

Je travaille peu et lentement, et je n’ai lu cette année que des Mémoires de remplissage que je ne ferai point imprimer ; mais je compte donner encore la théorie des variations séculaires des aphélies et des excentricités de toutes les planètes, traitée de la même manière et avec la même étendue que celle des nœuds et des inclinaisons. Je vais maintenant mettre sous presse mon Mémoire sur le mouvementdes fluides je suis empressé de le soumettre à votre jugement, comme à celui du créateur de cette théorie. Comme il n’est pas à beaucoup près aussi long que celui sur la libration, j’espère que je trouverai aussi plus facilement une occasion de vous en faire passer un exemplaire.

Conservez-moi, mon cher et illustre ami, votre précieuse amitié, dont je suis aussi jaloux que de votre estime ; je m’efforcerai toujours de mériter l’une et l’autre par tous les moyens qui seront en mon pouvoir. J’ai appris que le marquis de Condorcet est aussi devenu votre confrère à l’Académie française ; voudriez-vous bien avoir la complaisance de lui en faire compliment de ma part, en lui renouvelant l’assurance de tous