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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

le ministre ne fait aucune réponse, et ce qui prouve sa mauvaise volonté, c’est qu’il a répondu à l’Académie sur d’autres objets dont elle lui parlait dans la même Lettre où il était question de moi. De vous dire la cause d’un pareil traitement, je l’ignore et je crois qu’on y serait bien embarrassé. Je sais seulement que le ministre a dit que je venais de recevoir une pension de la czarine (ce qui est faux ; il n’en a pas seulement été question, et puis, quand cela serait, voyez un peu la belle raison !). Il a ajouté que le roi était très-mécontent de mes écrits ; vous ne vous en seriez jamais douté, ni moi non plus ; aussi est-ce une fausseté le roi ne connaît point mes Ouvrages, et, s’il les a lus, surtout le dernier sur la destruction des Jésuites, il n’a ni pu ni dû en être mécontent ; au contraire, puisque je tâche d’y rendre odieuses et ridicules les disputes de religion qui troublent l’État, et que j’y parle d’ailleurs de la personne du roi, et même du gouvernement et de la religion, d’une manière irréprochable. Voilà, mon cher est illustre ami, où j’en suis après vingt-quatre ans de travail dans l’Académie des Sciences[1] et tous les Ouvrages et les sacrifices que vous connaissez. Le public jette les hauts cris ; j’espère que les étrangers

    rendu compte à l’Académie de ce qui s’était passé en 1756, lorsque M. d’Alembert avait été fait surnuméraire dans la classe de Géométrie, et j’ai lu ce qui se trouve à ce sujet sur les registres dont je suis dépositaire ; après quoi, l’Académie ayant délibéré dans la forme ordinaire pour savoir si la place de M. Clairaut était vacante ou non, il a été décidé que M. le comte de Saint-Florentin serait prié d’obtenir du roi de faire passer M. d’Alembert de la classe de Géométrie, où il est pensionnaire surnuméraire, dans la classe de Mécanique, et de vouloir bien informer l’Académie des intentions de Sa Majesté. »

    Voici le passage des registres manuscrits (séance du 31 mars 1756) dont Grandjean de Fouchy donna lecture à l’Académie :

    « M. Duhamel, Directeur, ayant lu un écrit relatif à la proposition de M. d’Alembert par lequel il proposait ou de demander que la pension qu’il vient d’obtenir du roi (comme surnuméraire dans la classe de Géométrie) fût attachée à l’Académie pour former une nouvelle classe sous le titre de Physique, dans laquelle il serait pensionnaire, ou de le faire pensionnaire vétéran, ou enfin de le faire pensionnaire surnuméraire, il a été décidé qu’on ne pouvait délibérer que sur ce dernier parti, qui était le seul contenu dans la Lettre du ministre. En conséquence de quoi L’Académie, ayant délibéré dans la forme ordinaire, suivant les ordres du roi, qui lui ont été adressés par M. le comte d’Argenson, sur la proposition de M. d’Alembert d’être fait pensionnaire surnuméraire dans sa classe, à condition de n’avoir ni pensions ni jetons jusqu’à ce que ses anciens soient placés, la pluralité des voix a été pour lui accorder sa demande. »

  1. Il y était entré le 29 mai 1741.