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17.

LAGRANGE À D’ALEMBERT.

À Turin, ce 6 juillet 1765.

Mon cher et illustre ami, je n’ai pu apprendre l’injustice qu’on vous fait essuyer sans en être vivement indigné ; mais je vous avouerai franchement que je n’en ai pas été bien surpris et je crois que vous-même n’avez pas dû l’être non plus. Vous n’avez jamais sacrifié aux idoles voilà, si je ne me trompe, votre crime. Le silence qu’on s’obstine à garder sur votre article me paraît n’avoir d’autre but que de vous engager à quelque espèce d’humiliation. Je suis impatient de voir quelle issue aura cette affaire, car, d’un côté, je vous crois incapable de démentir votre caractère un seul moment, et, de l’autre, je ne vois pas trop de quel front on oserait commettre à la face de toute l’Europe une injustice si criante et si absurde.

J’ai été enchanté de la Destruction des Jésuites. Les fanatiques d’ici l’ont déchirée comme de raison ; mais le petit nombre de ceux qui pensent l’a regardée comme l’un des meilleurs Ouvrages qui soient sortis de votre plume. J’ai reçu le Traité sur le Calcul intégral de M. de Condorcet, et je l’ai trouvé bien digne des éloges dont vous l’avez honoré dans votre Rapport à l’Académie[1] ; je voudrais seulement qu’il eût expliqué plus en détail la manière dont il parvient à trouver les différentes formes d’intégrales dont une équation différentielle est susceptible. Par exemple, on sait que l’intégrale de l’équation

est de la forme de

  1. Voir plus haut, p. 40, note 3.