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une Lettre que je vous ai écrite au commencement de ce mois et que je vous ai adressée à l’ordinaire, ne sachant pas votre nouvelle demeure. Je vous embrasse de tout mon cœur et je vous prie de me donner de vos nouvelles le plus souvent que vous pourrez.


23.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, ce 4 mars 1766.

J’ai eu, mon cher et illustre ami, une belle peur ces jours passés. Vous avez, dit-on, perdu M. Bertrandi[1], qui, je crois, était votre ami ; imaginez-vous que ceux qui m’avaient d’abord dit cette nouvelle avaient mis votre nom à la place du sien et vous faisaient mort au lieu de lui. Quoique j’eusse reçu depuis assez peu de temps de vos nouvelles et que vous m’eussiez marqué que votre santé était parfaite, je ne fus pourtant pas sans une grande inquiétude, surtout songeant que vous êtes sujet à des maladies graves et que Clairaut avait passé en trois jours d’une très-bonne santé apparente au tombeau[1] ; enfin j’ai été aux informations, et, Dieu merci, j’ai été tiré de peine. Conservez-vous, mon cher ami, pour les sciences, dont vous êtes la ressource ; je m’y intéresse d’autant plus, que ma santé m’oblige à me ménager beaucoup sur le travail et que je ne ferai plus assurément autant que j’ai fait. Ce n’est pas que je n’aie autant d’ardeur, et, je crois, d’aptitude, que par le passé ; mais il faut digérer et dormir, et je fais assez mal l’un et l’autre.

Je crois que vous pouvez être tranquille sur le sort de votre belle pièce concernant l’action des satellites ; cependant n’en dites rien

  1. a et b Voir plus loin, p. 55, note 1.