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Connaissez-vous un certain médecin Carburi[1], qui est actuellement à Paris ? Il ne manque pas de talent, mais c’est un intrigant de premier ordre, et il serait fort dangereux que vous lui fissiez la moindre confidence sur ce qui me regarde, car c’est la créature d’un de nos ministres qui n’aime pas trop la Société[2] et qui pourrait me rendre de mauvais offices dans la conjoncture présente. Adieu, mon meilleur ami ; il faut que je finisse, parce que je risquerais de ne plus trouver la personne qui veut bien se charger de cette Lettre.


30.

LAGRANGE À D’ALEMBERT.

À Turin, 10 mai 1766.

Mon cher et illustre ami, j’ai été infiniment touché des offres aussi avantageuses qu’honorables que vous m’avez faites de la part du roi de Prusse. Je vous prie de vouloir bien lui en rendre en mon nom de très-humbles actions de grâces, et l’assurer que je regarderai comme un bonheur bien précieux celui de venir faire ma cour par mes travaux à un monarque et à un philosophe tel que lui. J’en ai demandé la permission au roi comme sujet et comme employé, et il m’a fait répondre ce matin par un de ses ministres qu’il n’avait pas encore délibéré sur cette affaire, mais que je pouvais néanmoins espérer que ma demande ne serait point rejetée. Adieu, mon cher et illustre ami ; quand on m’aura donné une réponse décisive, je vous en avertirai sur-le-champ. En attendant, je vous prie de croire que personne ne vous

  1. Le comte Jean-Baptiste Carburis, médecin, né dans l’île de Céphalonie, mort en 1801 à Padoue, où il était professeur de Physiologie. Après avoir professé vingt ans à la Faculté de Médecine de Turin, il suivit à Paris la fille du roi de Sardaigne, devenue la femme du comte d’Artois (1770), et fut nommé par Louis XVI médecin de la famille royale.
  2. La Société royale des Sciences de Turin.