Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 13.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
65
DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

est plus attaché ni par plus de raisons que moi. Je vous embrasse de tout mon cœur.

De la Grange.
À Monsieur d’Alembert, de l’Académie française,
      de l’Académie royale des Sciences de Paris, etc.,
                rue Saint-Dominique, faubourg Saint-Germain,
                          vis-à-vis Belle-Chasse, à Paris
.

31.

LAGRANGE À D’ALEMBERT.

À Turin, ce 14 mai 1766.

Mon cher et illustre ami, je compte que vous aurez reçu par le dernier courrier deux Lettres de moi, l’une fort courte et conçue de façon qu’elle pût être ouverte sans danger, l’autre beaucoup plus longue et contenant quelques détails particuliers sur l’affaire dont il s’agit. Comme cette dernière aurait pu me faire du tort si elle avait été interceptée, je l’ai envoyée, ainsi que je fais celle-ci, par le canal d’un de mes amis, et je vous serai obligé de m’en accuser la réception le plus tôt que vous pourrez pour m’ôter toute inquiétude sur ce sujet. J’attends toujours qu’on délibère si on veut m’accorder ou non le congé que j’ai demandé. Je ne trouve point du tout étrange qu’on retarde celui de M. Euler, qui, outre qu’il a une bonne pension, a encore été gratifié du roi, il y a deux ans, comme vous savez ; mais est-on en droit d’en user de la sorte avec moi, qui n’ai depuis dix ans qu’une misérable pension de 250 écus, et qu’on a regardé jusqu’ici comme une personne entièrement inutile ? Il ne serait pas même impossible qu’on ne fût bien aise de me faire manquer cette occasion pour pouvoir se venger sur moi du dépit qu’on a d’être forcé de convenir à la face