Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 13.djvu/74

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promesse de vous donner 1500 écus d’Allemagne, qui font 6000 livres de France. Dès que vous aurez reçu la permission que vous attendez, je vous serai obligé de me l’écrire sur-le-champ ; mais en même temps je vous exhorte et vous conseille même : 1o d’écrire sur-le-champ au roi de Prusse une Lettre courte, mais convenable, sur la satisfaction que vous avez d’être à portée de mériter ses bontés par vos travaux ; 2o une autre Lettre à M. de Catt.[1], secrétaire des commandementsdu roi de Prusse et membre de l’Académie de Berlin. C’est un galant homme, fort mon ami, et qui vous sera très-utile. Vous lui manderez en quel temps vous pourrez partir (je crois que le plus tôt sera le mieux), quelle route vous tiendrez, et vous demanderez ce que vous jugerez nécessaire pour votre voyage. Je lui mande que je crois que 1000 écus de France ne seraient pas trop ; vous verrez si cela vous suffira. Je n’ose désirer que vous allongiez votre route en passant par Paris ; cependant vous ne doutez pas du plaisir que j’aurais de vous voir. Je vous préviens que le chemin est difficile, les gîtes mauvais, et que par conséquent il vaut mieux demander un peu plus qu’un peu moins pour votre voyage. Prenez là-dessus les éclaircissements nécessaires. J’attends avec impatience votre réponse, et je ne doute pas, d’après ce que le roi votre souverain vous a fait dire, qu’elle ne soit telle que nous le désirons.

Vous devez bien être persuadé que j’ai déjà rendu d’avance au roi de Prusse le témoignage que vous méritez et que je l’ai bien assuré de l’excellente acquisition qu’il va faire en votre personne. Adieu, mon cher et illustre ami ; je me tiens trop heureux de pouvoir tout à la fois contribuer au bien-être d’un grand homme et à la satisfaction d’un


    par son caractère et sa conduite, il n’excitera jamais dans l’Académie la moindre division ni le moindre trouble. Je prends la liberté de demander à Votre Majesté ses bontés particulières pour cet homme d’un mérite vraiment rare et aussi estimable par ses sentiments que par son génie supérieur, etc. » (Œuvres de Frédéric II, t. XXIV, p. 403.)

  1. Henri-Alexandre de Catt, né à Morges (canton de Vaud), membre de l’Académie de Berlin (1760), mort à Potsdam le 24 novembre 1795. Il devint, en 1758, lecteur de Frédéric II, dont il fut le familier et l’ami jusqu’en 1780, où il tomba, on ne sait trop pourquoi, dans une disgrâce complète.