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fines et très-exactes qui avaient échappé à tous ceux qui avaient déjà traité cette matière et qui la rendent tout à fait neuve et intéressante. À l’égard de vos difficultés sur le Calcul des probabilités, je conviens qu’elles ont quelque chose de fort spécieux qui mérite l’attention des philosophes plus encore que celle des géomètres, puisque de votre aveu même la théorie ordinaire est exacte dans la rigueur mathématique. Au reste, la lecture de ce Mémoire m’a fourni quelques idées dont je pourrai vous faire part, si vous le souhaitez, pourvu qu’elles se trouvent confirmées par un plus sérieux examen.

Vos Éclaircissements sur les éléments de Philosophie[1] m’ont beaucoup plu, et surtout le sixième[2], le neuvième[3] et les suivants. Ce que vous dites sur la multiplication des lignes est excellent. J’ajouterai seulement qu’il n’est pas nécessaire que le parallélogramme soit rectangle il suffit que l’angle soit le même dans tous ceux que l’on veut comparer ensemble. La notion que vous donnez de l’Algèbre est aussi nette que précise, et, si elle ne suffit pas à ceux qui n’ont aucune connaissance de cette science, ce sera une marque certaine qu’il faut au moins y être initié pour pouvoir s’en former une idée. Pour ce qui est des autres Mémoires, qui sont de pure littérature, je me contente de les lire et de les admirer. Dans votre Discours sur la poésie[4], il me semble que vous en réduisez le mérite aux pensées et à la difficulté vaincue dans l’expression ; mais permettez que je vous demande grâce pour tous nos poëtes italiens, et surtout pour mon poëte favori, l’Arioste, qui n’a guère ni l’un ni l’autre de ces deux mérites.

M. de Catt m’a remis votre Mémoire sur les objectifs achromatiques[5], que j’ai lu avec le plus grand plaisir, et qui m’a donné une grande envie de lire celui que vous faites imprimer parmi les Mémoires

  1. Le quatrième Volume des Mélanges contenait un Essai sur les éléments de Philosophie Ou sur les principes des connaissances humaines (p. 1-298), et c’est comme supplément à ce travail que d’Alembert inséra dans son cinquième Volume (p. 7-272) seize Éclaircissements sur différents passages.
  2. Sur l’art de conjecturer.
  3. Sur les différents sens dont un même mot est susceptible.
  4. Réflexions sur la poésie (P. 433-468).
  5. Voir plus haut la note 2 (p. 86) de la Lettre du 7 février.