Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 13.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

de l’Académie. Le Volume de 1759 de notre Académie[1] a paru, et celui de 1760 est sous presse et paraîtra bientôt. M. Formey[2] m’a dit qu’il attendait une occasion pour vous faire parvenir un exemplaire de celui qui est déjà imprimé. Au pis aller vous les recevrez tous les deux à la fois. Ils ne contiennent rien de moi, mais ils n’en sont que plus intéressants, la partie mathématique étant, à l’ordinaire, toute d’Euler. L’Académie sera très-charmée de recevoir quelque chose de vous pour ses Mémoires. Vous réparerez au moins d’un côté ce qu’elle a perdu de l’autre. Quant à moi, je fais ce que je puis pour rendre le vide qu’Euler y a laissé le moins sensible qu’il est possible. Je suis obligé de remplir presque seul les devoirs de ma classe, M. Castillon s’étant un peu éloigné de l’Académie depuis mon arrivée, et M. Bernoulli[3] étant encore fort jeune, comme vous savez. À propos de ce premier, nous nous sommes réciproquement rendu visite une fois ou deux, et nous ne sommes ni bien ni mal ensemble. Si l’occasion me venait de lui rendre quelque service, je m’en ferais un plaisir. Au reste, comme il n’est point pensionnaire, il n’avait aucun droit de prétendre à la place de directeur ; si on a fait tort à quelqu’un, c’est à M. Bernoulli seul, qui d’ailleurs n’a pas fait paraître la moindre prétention à cet égard. Ma santé est toujours toute parfaite, et mon sort est très-heureux. Je ne songe à autre chose qu’à faire de la Géométrie en paix et à justifier votre choix autant qu’il m’est possible. Le roi voudrait que je travaillasse pour votre prix, parce qu’il croit qu’Euler y travaille c’est, ce me semble, une raison de plus pour moi pour n’y pas travailler. Voici une solution complète du problème des tautochrones, à laquelle je suis arrivé par une route très-directe, et que je lirai à l’Aadémie au premier jour.

Soient la vitesse du corps, l’espace qui lui reste à parcourir et

  1. De l’Académie de Berlin.
  2. Jean-Henri-Samuel Formey, fils d’un réfugié français, né à Berlin le 3 mai 1711, mort le 8 mars 1797. Il était depuis 1748 secrétaire perpétuel de l’Académie de Berlin.
  3. Jean Bernoulli, astronome, neveu de Daniel, né à Bâle le 4 novembre 1744, mort le 13 juillet 1807 à Berlin, où il avait été appelé à l’âge de dix-neuf ans pour être astronome de l’Académie et où il devint, en 1779, directeur de la Classe des Mathématiques.