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tiendrait à peu près autant de matière nutritive. Il est clair qu’ils ne doivent entrer dans le calcul de la nourriture qu’à raison de leur valeur nutritive ; et, si l’on connaissait cette valeur pour chaque objet, on pourrait le convertir tout de suite en blé ou en viande. Relativement aux objets de nourriture générale et ordinaire, je crois qu’on ne se trompera pas beaucoup en supposant leur valeur nutritive proportionnelle à leur prix. Ainsi l’on pourra prendre à peu près une demi-livre de fromage sec comme l’équivalent d’une livre de viande. Nous ferons surtout usage de ce principe dans l’évaluation de la consommation de Paris[1].

Cela posé, la question est réduite à déterminer à peu près la quantité moyenne de blé et de viande nécessaire pour la subsistance de la République.

Je ne vois que trois manières de parvenir à cette détermination

1o Par la ration qu’on distribue aux troupes ;

2o Par la consommation des villes fermées où il y avait des registres d’entrée ;

3o Par l’évaluation des produits annuels de toutes les terres cultivées en grains ou en pâturages ; la somme de ces produits étant supposée égale à la consommation annuelle, c’est-à-dire, en faisant abstraction de toute importation ou exportation.

Voici les résultats que ces trois moyens peuvent fournir :

La ration est, pour chaque combattant, de onces de pain et d’une demi-livre de viande. Je ferai ici abstraction de l’eau-de-vie et du vinaigre, qui font aussi partie de la ration, parce que ces deux objets ne sont absolument nécessaires qu’aux troupes qui sont en campagne ; on pourrait d’ailleurs les comprendre dans la boisson.

On estime qu’une livre de pain répond à une livre de blé, poids pour poids. Le blé perd, par la mouture et par le son qu’on en tire, le quart de son poids ; mais la farine regagne par l’eau qu’on y ajoute pour la réduire en pâte, et dont une partie reste dans le pain, le tiers de son

  1. L’Auteur de ce Mémoire m’a dit, en preuve de cette proposition, qu’il avait vérifié que le poids de douze œufs est égal au poids d’une livre de viande, et se vend généralement au même prix.